Souvenirs d’enfance au
Faubourg de « Beyant »
Mon arrière arrière-grand-père, Charles Tissier, décéda « sur le voyage » à l’approche de son train, pont de la Tournelle à Paris.
Il laissait une femme de trente neuf ans et sept orphelins. Habitant rue de Sembert, mon aïeule eut à travailler durement pour nourrir, élever et surveiller ( ?) cette turbulente famille.
Mon grand-père Paul Tissier racontait volontiers les escalades dangereuses sur les piles de bois entreposées sur le « Champ Bonneau », au bout de la route d’Auxerre. Un de ses frères, Etienne, fit une chute dramatique et resta dix-huit mois paralysé sur un grabat avant de mourir. Le petit Marcel, rescapé miraculeusement d’une noyade, mourut quelques mois plus tard, etc. Sur la fratrie de sept, seuls les trois aînés atteignirent l’âge adulte.
Mon enfance a été bercée par les récits des « gamins de Beyant » à l’assaut de la Chapelle Saint Bonnet, dont il reste encore quelques vestiges à flanc de coteau de Sembert, à la hauteur de la ferme de la Fraternité.
Je ne me lassais pas d’entendre les récits des explorations du « Trou de la Foulquet » ou « Grotte de la Foultière ». Ancien lieu de pèlerinage païen pour la Chandeleur, cette excavation servait de terrain de jeux aux « enfants du faubourg » à la fin du 19e siècle. Difficilement repérable, elle est situé sur le versant occidental des collines de Sembert, en face du village de la Forêt. Aux dires de mon grand-père, cette grotte d’accès difficile cache dans ses profondeurs une salle avec trois grosses pierres représentant selon une légende un couple et un enfant pétrifié pour avoir défié le Diable…
© 2005 Annie Delaitre-Rélu
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