Charles-Paul Milandre
(1871-1951)
Ingénieur des Arts et Métiers et érudit local
Rendre hommage à M. Milandre c’est également, pour moi, évoquer le souvenir de mon grand-père maternel, Paul Tissier, qui fut son camarade de classe et son ami, tous deux issus de la « grande famille » des flotteurs du fau bourg de Bethléem, qui furent dans l’histoire de Clamecy, « sa noblesse aux rudes mains » (Romain Rolland).
Charles Milandre est né à Clamecy,
le 30 avril 1871 ; ses aïeux Germain (1709-1803), Christophe (1742-1821),
Claude (1784-1850),
Il reçoit une solide instruction à l’école communale de Clamecy, ce qui lui permet d’être admis à l’Ecole des Arts et Métiers d’Angers, d’où il sort en 1890, après de brillantes études, second de sa promotion avec un diplôme d’ingénieur mécanicien.
La vie de Charles Milandre est partagée en deux périodes très distinctes, mais aussi actives et dignes d’intérêt l’une que l’autre.
Dès sa sortie des Arts et Métiers, il exerce sa profession d’ingénieur dans des industries très variées : machines, chauffage, constructions mécaniques, papeteries, etc. Il installe une usine de pâtes à bois en Russie. Il se spécialise en hydraulique et adduction d’eau, en Touraine ; la ville de Tours l’envoie étudier les eaux radioactives de Joachimstahl en Tchécoslovaquie.
Ses « Notes et formules de l’Ingénieur » (16 éditions) traitent des turbines, des locomotives Compound, des automobiles, des moteurs à gaz, des usines élévatoires etc. ; sans oublier des cours de meunerie et d’hydraulique et de nombreuses expertises et inventaires industriels. Ses multiples activités, associées au douloureux décès de sa fille unique, altèrent son état de santé.
L’heure de la retraite approche. Il revient dans sa ville natale pour y mener une vie retirée, mais active. Je garde le souvenir de ses visites chez mon grand-père, route d’Auxerre, et celles faites avec mes grands-parents dans sa maison de l’île Margot ; souvenirs d’ailleurs mitigés, car M. Milandre était plutôt impressionnant pour une gamine de dix ans : longue barbe et moustache poivre et seul, vêtements sombres et chapeau de feutre noir bordé d’une ganse.
C’est l’époque où il se consacre à l’étude des documents et archives concernant le passé de son « cher Clamecy », afin de faire revivre des événements ou des personnalités marquantes de notre histoire locale, en privilégiant l’époque révolutionnaire et l’évocation du flottage.
Notre famille conserve un petit fascicule dédicacé à son ami
« Paul Tissier, en souvenir de ses aïeux du
Faubourg ». Il s’agit d’une « causerie » faite le 30 octobre
1931, dans le cadre de l’association des « Amis du Vieux Clamecy » dont il vient d’être promu
vice-président.
La série de ses « Vieilleries
clamecycoises » fait les « beaux
jours » des bulletins de
Durant l’Occupation, il met son expérience au service de
Ses dernières années sont assombries par l’aggravation de
son état de santé. Il renonce à assister aux réunions du Bureau de
Il meuble cette semi réclusion en continuant ses travaux de
recherches ; en particulier l’écriture d’une biographie de Gérald Béronye, chantre curé de l’église Saint Martin (1723-1725)
surnommé « l’abbé Chamaille » à cause de son caractère irascible et
chicaneur exercé envers le Chapitre de
Le décès brutal de son épouse le marque profondément. Il meurt le 22 juin 1951, regrettant de laisser son œuvre inachevée. Mais son souvenir reste vivant grâce à son « travail de bénédictin », laissant une richesse irremplaçable de notes et documents, dont malheureusement certains ont disparu.
Annie Delaitre-Rélu
d’après l’ « In mémoriam » paru dans le bulletin
de