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Clamecy et les Américains

 

(une brève évocation de la guerre 1914-1918)

 

 

Après la victoire de la Marne, le centre de la France peut espérer que le territoire sera protégé des envahisseurs. La sécurité intérieure se borne à assurer « la garde des voies de communication  » par les plus anciennes classes mobilisables de notre armée. Par sa position bénéficiant de nombreuses voies ferrées, routières et fluviales, et sa situation de contrée riche en denrées alimentaires et matériaux de toutes sortes, Clamecy devient un « important centre de ravitaillement ». La région reçoit dès septembre 1914, de nombreux réfugiés des départements du Nord.

 

Les blessés du front sont soignés dans plusieurs hôpitaux de fortune aménagés pour renforcer l’Hospice, devenu rapidement insuffisant : l’hôpital complémentaire n°36 dans l’Ecole Primaire Supérieure de la route d’Armes ; l’hôpital temporaire n°50 dans la rue Thiers ; un autre à « Bagatelle » et enfin une ambulance à la gare.

 

Outre les collectes de dons en argent et nature, (dont les résultats sont régulièrement donnés nominativement dans la presse locale !), l’arrondissement de Clamecy participe largement à la « récolte d’or » lancée fin 1915 par le gouvernement. La cité organise de nombreuses « journées de bienfaisance », par exemple la « Journée du Drapeau Belge » en décembre 1914 ; la « Journée Française » durant l’été1915 au profit des régions envahies.

 

L’entrée en guerre des « Etats-Unis d’Amérique », fin mai 1917, amène nos nouveaux Alliés à l’ouest de département sur les rives de la Loire. En juillet 1918, Clamecy voit arriver environ 6 000 soldats américains tenant garnison dans la ville et les environs. Divers campements sont rapidement aménagés sur le terrain de « Fertiaux », la route d’Oisy et sur le terrain compris entre le cimetière, la gare et le village de La Forêt.

 

D’autres installations se font dans les prés bordant le boulevard de Brinon (actuel boulevard Misset) et aux « Chaumes » (haut du Crôt Pinçon), où les troupes s’exercent au tir d’armes portatives, tandis que le lancement des grenades s’effectue sur les hauteurs de Beaumont (en haut des Récollets). Les aéroplanes décollent au nord du cimetière, et le service sanitaire U.S. investit l’hôpital complémentaire de la route d’Armes. Un carré au cimetière est concédé pour l’inhumation des morts américains, jusqu’en 1921 où les familles les feront exhumer et rapatrier aux Etats-Unis.

 

Clamecy est quasi devenue une vaste cité américaine. Les officiers logent chez l’habitant ; ma grand’mère paternelle loge un lieutenant américain, comme en témoigne une photo de famille.

 

Après l’Armistice du 11 novembre 1918, les effectifs alliés diminuent progressivement ; en avril 1919, toutes les formations alliées ont quitté Clamecy, abandonnant campements et baraques, qui subsistèrent encore quelques temps. Les habitants firent un bon accueil à ces soldats dont l’intervention activa l’issue favorable de ce conflit. A la fin de mai 1919, le maréchal Pershing, commandant en chef des troupes U.S. adresse aux autorités municipales de vifs remerciements.                                                                               

 

Le 30 mai 1922, jour du « Mémorial Day » commémorant aux Etats-Unis, le souvenir des morts tombés au combat, la population de Clamecy se rend au cimetière pour rendre hommage aux derniers soldats américains dont les corps n’ont pas encore été ramenés dans leur pays. Leurs tombes étaient d’ailleurs régulièrement fleuries par « les Dames Françaises de Clamecy » (section de la Croix Rouge).

 

Aux dires de mon père, alors âgé de dix ans, l’Armistice du 11 novembre 1918 fut fêté à Clamecy, comme dans toute la France, avec de grandes manifestations de joie. Mais cette victoire avait coûté à la citée la vie de deux cents cinq de ses habitants, sans compter les nombreux blessés et mutilés, dont mon grand-père et mon grand oncle paternels.


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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