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Le collège de Clamecy

 

L es courtes biographies des « personnalités clamecycoises » témoignent du fait que le Collège de cette ville peut être à juste titre fier du grand nombre d’hommes éminents qu’il a instruits. Beaucoup ont complété leurs études avec succès soit dans les « Grandes Ecoles », soit dans les Facultés.

 

La qualité de l’enseignement dispensé dans cet établissement mérite que l’on s’attache à son histoire.

 

Le 9 juillet 1615, les Echevins font l’acquisition d’une maison sise près de la rivière Beuvron.

A l’origine, le Collège est l’Ecole primaire dirigée par un « Maître Ecrivain ». Ce dernier reçoit de la ville, 100 livres de gages annuels, auxquelles viennent s’ajouter quelques rétributions données par des parents d’élèves. Mais beaucoup d’enfants étaient mis en garde ou en pension  chez des particuliers qui se chargeaient de leur instruction.

 

En octobre, Théodore de Bèze, ( à ne pas confondre avec le De Bèze disciple de Calvin à Vézelay ), curé de Chevroches, devient également directeur de l’Ecole de Clamecy, sur les bases du traité  suivant valable pour 6 ans : « La jeunesse de Clamecy ne pourra être instruite soulz autre personne que le dudit  sieur De Bèze, lequel sera tenu et au dit Collège, sans qu’il soit loisible à aucune personne de tenir enfans ey pensionnaires, sans les envoyer au dit collège, sous peine de 20 livres d’amende ; le dudit De Bèze sera tenu de faire le catéchisme tous les samedys ; plain chant et chant aux messes des dimanches et festes et vêpres… »

 

L’enseignement comprenait la lecture, l’écriture, le calcul et des notions d’histoire ; mais les leçons de latin et de littérature française étaient données à part et payées en supplément.

 

Au début du 18ème siècle, le jansénisme s’impose dans beaucoup de diocèses français, principalement dans celui d’Auxerre, et notamment à Clamecy dans le clergé paroissial de Saint-Martin. Par contre les religieux Récollets, le clergé de l’église de Bethléem et la majeure partie de la population restent réfractaires à cette nouvelle forme de religion. C’est pourquoi les Echevins choisissent de donner aux jésuites la direction du Collège. : ce qui se fit , mais très provisoirement.

 

Les Echevins mènent un combat de plusieurs années pour que cette Ecole devienne un « vrai Collège » avec l’établissement de « Maîtres ou Régents ». En mai 1757, l’Université de Paris prend le Collège sous sa protection et le pourvoit de professeurs choisis dans le clergé et remarquables pour leur érudition et leur talent d’éducateur.

 

Le Collège acquiert une grande renommée ; ce qui décide le gouvernement, toujours à la demande des Echevins, a adjoindre à l’établissement, une Ecole Royale militaire pour l’Artillerie et le Génie. Bientôt le Collège (édifié en 1616) devient insuffisant pour recevoir les pensionnaires venus de tous les coins de la province.

 

De nouveaux bâtiments sont élevés « en bordure des eaux de son biez des Moulins de la rue Basse » : le « Nouveau Collège ».





 

L’Ecole Royale Militaire eut une courte durée. Elle redevient le « Collège ». Le choix du Principal revient aux Echevins qui nomment Etienne-François Parent, curé de Rix, très favorable aux idées de Voltaire et de J. J. Rousseau, dans les dernières années de l’Ancien Régime.

 

La Révolution de 1789 ne manque pas de causer quelques perturbations. L’ancien Collège devient une réserve à blé en vue de prévenir la disette de fin 1789 ; puis cantonnement pour 50 Cavaliers du Royal Piémont. Le Principal du collège est laïc, mais de nombreux professeurs sont des clercs ayant prêté le serment constitutionnel. Certains se distinguent en venant entre deux cours dans la ci-devant église St. Martin, et montent en chaire pour provoquer le Christ.

 

Sous le Consulat, un arrêté du Premier Consul autorise la ville de Clamecy d’établir une Ecole Secondaire dans les bâtiments de son ancien Collège ; mais le projet demeure sans suites.

 

Ce sont les grandes lois promulguées au 19ème siècle pour régir l’Enseignement, ( lois Guizot, Falloux, Victor Duruy etc…) qui permettront au Collège de Clamecy  de prendre de plus en plus d’importance dans l’enseignement secondaire.

 

C’est à la suite de la circulaire ministérielle du 10 décembre 1923 que les jeunes filles sont admises à suivre les cours de Première dans les lycées et collèges de garçons pour la préparation au baccalauréat.

 

Quelques années plus tard le Collège de Clamecy accueille l’élément féminin de la 12ème  aux classes de philo et de « maths élem ».

 

Dans les années 1930-1940, la distribution des prix du Collège revêtait un aspect très solennel dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville : discours « d’usage » fait par le dernier professeur nommé dans l’année dans l’établissement ; lecture du Palmarès ; chants et scénettes interprétées par les classes enfantines. Les notables et les professeurs assemblés sur la scène remettaient les prix d’Honneur et d’Excellence.

 

Sous l’Occupation , les locaux du Collège sont réquisitionnés par les Allemands ; les classes sont dispersées à l’Ecole Supérieure de jeunes filles, route d’Armes, et dans les annexes du Tribunal Correctionnel et la prison. Cela n’empêche pas de perpétuer durant cette sombre période, les « Fêtes du Collège » toujours dans la « grande salle » de la Mairie. C’est l’occasion pour les « grandes classes » d’interpréter avec beaucoup de talent, des pièces du répertoire. Je garde le souvenir, entre autres, du « Gendre de Monsieur Poirier » d’Emile Augier, du « Chapeau chinois » de Franc Nohain et du « Bourgeois Gentilhomme ».

 

Et comment oublier le dévouement de Monsieur et Madame Mercier, couple d’instituteurs, lequel, pendant de nombreuses années, ont instruit les classes enfantines de ce « Collège Classique et Moderne » qui ne s’appelait pas encore « Romain Rolland ».


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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