Le Cycle des Douze Jours
Ce cycle est de durée variable suivant les régions : de
Les noms donnés à Noël sont différents dans les provinces françaises ; en Côte d’Or, en Bourgogne : Noeï ; dans le Morvan : Noé.
En Bourgogne, on constate une préférence très nette pour le jour de l’An, où la tournée des enfants par groupes allaient chercher leur « guilanneuf » (ou étrennes), appelé ainsi dans le dernier quart du 19èmesiècle. Ils chantaient des « chansons de quêtes » telles : « C’est aujourd’hui, veille de l’An – Que Dieu vous donne un bon an – Toute l’année, heureuse année – Que Dieu bénisse la maison – les poutres et aussi les chevrons – Toute l’année – Bonne année. »
Dans le Nivernais, peu ou pas de chansons de quêtes.
-Le Père Janvier ou « le Pé Janvier » : la croyance en ce distributeur d’étrennes était répandue dans ces trois régions ; chez ma grand’mère paternelle, il n’y avait pas de Père Noël, mais le Père Janvier et son sinistre compère, le Père Fouettard
-La vieille et la nouvelle année : mon grand père maternel me racontait cette légende : La nouvelle année apparaissait le 1er Janvier dans une superbe robe à traîne. Chaque jour, un petit bout était déchiré. Et le 365ème jour, la malheureuse était presque nue et en haillons… Au 12ème coup de minuit, la nouvelle année apparaissait resplendissante et précipitait la vieille dans un puits sans fond. Je n’ai jamais trouvé traces de ce conte dans les livres ; mais à la grande joie de mon « Pépé », je faisais de nombreux dessins de la scène du puits.
-Pas de brandons, ni de bûches traditionnels en nivernais
-La bûche de Noël : En 1887, le folkloriste bourguignon
Feurtiault se demande : « Y a-t-il un foyer
dans les villages de France où n’ait pas sa bûche ? » La réponse est
non. Seul le temps pendant lequel elle devait durer différait suivant les
endroits. Dans l’Yonne, elle devait brûler toute la nuit de Noël, car
Dans le Morvan, la bûche appelée « cheuche » devait brûler jusqu’au premier jour de l’année. Il fallait donc trouver chaque matin dans l’âtre quelques tisons incandescents pouvant raviver le feu. Si elle était complètement éteinte, c’était un présage de mauvais augure.
A la veillée de la messe de minuit, l’aïeul ou le père tisonnait la bûche pour lui faire faire le plus possible d’étincelles en disant : « Evéyé, Evéyé, Eveyons – Autant de gerbes que de gerbaillons. » Car plus la bûche donnait des étincelles, plus on récolterait de gerbes.
En Saône et Loire, la « souche » était parfois baptisée avec du vin blanc, tandis que la famille se signait. Dans cette même région, la bûche était « gardée » pendant la messe de minuit par un homme armé d’un fusil ou d’un pistolet. Etait-ce par crainte des voleurs ou pour éloigner les sorcières et leurs maléfices ?
Dans le Morvan, la bûche avait de nombreuses appellations ; les plus fréquentes : « zuche » - « cesson » ou « coque ». Considérée comme porte-bonheur, elle devait brûler différemment suivant les localisations : toute la nuit de Noël, toute la semaine de Noël au premier janvier, ou durer pendant les « trois fêtes », c'est-à-dire jusqu’aux Rois.
Pratiques alimentaires
-Le « pain de Noël », (comme celui de Pâques),
était en général dans toute
« foisse » ou « fouace ». Il avait suivant les régions, des vertus protectrices contre la foudre, les inondations, ou thérapeutiques, guérissant la rage, prévenant des chutes accidentelles etc.
-Le « réveillon » : dans la majeure partie de
-Les « gâteaux de Noël » étaient offerts par les parrain et marraine à leur filleul pour cette fête, ou comme étrennes au premier janvier. En Bourgogne, c’étaient des « gâteaux à pointes » appelés « quignô » ou « quaignô » ou « coqueu » ou « foconnes ». En Nivernais, les « apognes cornues » étaient fabriquées avec des rognures de pâte et réservés aux enfants. La puissance des pointes contre les maléfices et les sorciers est-elle à l’origine de ces formes ?
Les Rites
-Les Noëls : chants de circonstance, ils ont religieux et populaires, les paroles étant souvent « collées »sur un air connu. Les folkloristes les groupent en « noëls lyriques », « énumératifs », et « géographiques ».
Dans les « noëls lyriques », figurent le célèbre « Il est né le divin enfant », « le Noël d’Adam, Minuit chrétien » dont l’histoire est curieuse. Placide Cappeau, en 1847, « écrit un noël pour une cantatrice, Madame Laurey. Cette dernière obtient de son ami, le compositeur Adam, bien connu pour ses idées anticléricales, la mélodie ; et l’on chante ce « Minuit Chrétien » à Roquemaure pour la première fois au Noël 1847.
Souvent critiqué, (chanson à boire, flonflons d’opérettes) il est adopté par les églises parisiennes et les organistes le joueront pendant plus d’un siècle ! Un autre noël lyrique très apprécié : « Trois anges sont venus ce soir, m’apporter de bien belles choses ». Composé par Augusta Holmès (1847 -1903) qui travaillait pour le théâtre ; on lui doit de nombreuses mélodies dont elle composait vers et musique.
Les noëls énumératifs : sans doute les plus populaires, évoquent la succession de cadeaux offerts à l’Enfant Jésus.
Les noëls géographiques : selon Achille Millien, copiés sur « les Bourgeois de Châtre (Arpageon), on faisait défiler devant la crèche, une longue énumération de tous les hameaux d’une paroisse ou tous les villages d’une « élection ». D’un intérêt médiocre, ils étaient cependant appréciés, car les fidèles annexaient le miracle de Noël à leur région et à leur ville.
- Les crèches : il semblerait que la plus ancienne
figuration de
Les crèches d’églises remontent au 17ème siècle en Alsace. Une tradition respectée dans toutes les églises, même les plus petites et les plus pauvres. Certaines sont des vrais chefs d’œuvres.
Les crèches familiales : leurs débuts sont incertains,
probablement fin du 18ème siècle. En ce qui concerne le Nivernais
(région de Pouilly/Loire), on faisait la crèche huit jours avant Noël, et on la
défaisait le jour de
Les crèches spectacles ne semblent pas avoir eu cours en
Bourgogne, Morvan et Nivernais.
Pratiques concernant
les animaux
- Nettoyage des étables en Bourgogne ; mais pas de
réveillon pour les bêtes. Dans le sud de
- L’offrande de l’agneau et l’adoration des bergers se pratiquaient dans l’Yonne. Parfois, les bergers étaient accompagnés de leurs chiens tenus en laisse qu’ils faisaient aboyer. De même, on pinçait l’oreille de l’agneau pour le faite bêler… Il était béni.
Jeux et
divertissements
- Souffler le charbon : jeu pratiqué dans l’Yonne et
- Jeu des noix : Pratiqué en Côte d’Or, on posait une planche inclinée, appuyée au dossier d’une chaise et au sol à l’autre extrémité. Chacun faisait rouler des noix sur cette planche, de façon à toucher d’autres noix rangées par terre en ligne devant la planche ; les noix touchées appartenaient à celui qui les avait fait sortir de leur ligne.
- Farces de Noël : pratiquées en Côte d’Or, les « chamorrages », vraisemblablement des « barris » ; la jeunesse ramassait tout ce qui traînait : voitures, brouettes, traîneaux , et allait les cacher pour les faire chercher par leur propriétaire.
Les merveilles de la nuit de Noël
- Les animaux « parlants » pendant la messe de minuit ; dialogues entre le bœuf et l’âne et punition du curieux qui avait essayer de les écouter. (Souvent mort de l’indiscret).
- La chasse du Roi Hérode : le massacre des Innocents qu’il ordonna lui vaut comme pénitence de errer du monde à l’autre. En Bourgogne, des personnes attardées dans la nuit du 5 au 6 janvier, ont vu et entendu au-dessus de leurs têtes, un cortège effrayant de chasseurs passant en trombe avec cris, jurons, aboiements de chiens, galopades de chevaux, conduit par le roi Hérode.
Egalement le thème du « Chasseur des Avents » ou du « Chasseur Puni ». Il s’agit d’un chasseur qui quitte la messe de minuit pour suivre son chien qui donnait la chasse au cerf. Conduit par le démon, il se précipite dans le vide et est condamner à chasser pour l’éternité.
- Les « pierres qui virent », les trésors : la nuit de Noël, des roches se déplacent et
laissent entrevoir des trésors.
-
La légende de «
Depuis que l’enfant a été retrouvé,
- Dans l’Yonne également, pendant la lecture de l’Evangile de minuit, apparaissent un
gâteau, une bouteille de vin et un plat d’argent destiné à recevoir des offrandes, en
particulier
à Aillant sur Tholon et
- Toujours dans l’Yonne, à Villemanoche, la « Pierre de Minuit » va se désaltérer dans la rivière Yonne.
Pratiques magiques
Dans
Les fêtes des Rats
Fêtées en Bourgogne le 29
décembre, jour de
Les dictons et les présages
« Noël au balcon, Pâques aux tisons » : un temps froid à Noël est normal ; un temps doux ne l’est pas et présage un temps froid à Pâques.
En Bourgogne, le chat sert de baromètre : le nombre de fois qu’il passera sa patte sur son oreille donnera le nombre jours de mauvais temps, neige ou froid. Idem pour l’annonce d’une pluie proche…
Présages des douze jours
Selon une croyance répandue dans toute l’Europe, le temps de Noël et des 11 jours qui le suivent annonce le temps qui dominera dans chacun des 12 prochains mois. Ces croyances prouvent le besoin qu’avait le peuple français essentiellement rural de savoir le temps qu’il fera dans l’année à venir ; d’où le caractère magique attribué aux 12 jours. Nombreux présages météorologiques annoncent richesse, pauvreté et même paix et cataclysmes. D’où quelques dictons populaires
En Bourgogne : «Clair Noël, claires javelles » ; et en Nivernais : « S’il fait clair dans les granges, elles resteront clair », ce qui signifie qu’une nuit de Noël claire est de mauvaise augure pour les récoltes.
Autre croyance populaire :
c’est durant la nuit de
Les interdictions
En Bourgogne :
- interdiction de travailler le jour des Saints Innocents : « Prends bien garde aux Innocents / Ce jour-là ton travail laisse / Prends ton cierge et ouïs la messe / Pour bien finir l’an présent. »
- interdiction de faire la lessive : les laveuses qui enfreindraient cette loi risquent d’être griffées par les sorcières ou battues à coups de battoir.
- interdiction de filer ou de coudre, sinon cela porterait malheur aux enfants, ou les animaux s’étrangleraient.
- interdiction de cuire le pain entre Noël et les Rois, car le pain moisirait et les bêtes boiteraient.
-
interdictions alimentaires : le
cycle des douze jours n’était pas une période de pénitence. Le samedi était
« jour maigre » pour beaucoup de diocèses français, mais pas en
Bourgogne. Par contre, certains aliments étaient proscrits : en Saône et
Loire, les femmes s’abstenaient de manger de la viande les jours de Noël et des
Rois pour se préserver de certaines maladies de leur sexe… Dans certaines
régions, il fallait éviter de manger des prunes pour prévenir les ulcères. Dans
l’Yonne, entre Noël et le jour de l’An, on devait se priver de pommes sous
peine d’avoir des furoncles…En dehors de cela, les « tabous » étaient
nombreux et souvent contradictoires suivant les provinces. En Bourgogne, on se
gardait bien d’enlever le fumier des étables car le bétail boiterait, ou dans
la vallée de
Les fêtes de fin d’année
Entre Noël et
Mais la fête la plus importante dans nos régions était celle des Innocents, un peu licencieuse car une survivance des Saturnales romaines, où étaient suspendues les hiérarchies établies, avec parfois un aspect érotique qui n’avait rien d’innocent.
En Bourgogne, elle était souvent
associée à la fête des Fous. A Beaune et dans ses environs, on fouettait (ou
l’on faisait le simulacre) les petits enfants pour rappeler le massacre des
premiers nés d’Israël tués sur ordre du roi Hérode ; cette fessée donnait
droit au « pier-fou », gâteau confectionné
par les mères de famille : un morceau de pâte de 30 à
A Châlons-sur Saône, les enfants vêtus de couleurs bariolées, armés d’un mousquet, d’une dague ou d’une épée faisaient « le royaume », c'est-à-dire qu’ils se réunissaient en conseil et élisaient un roi. Cette royauté éphémère se terminait avec Carnaval. Pour être élu, il fallait être de Châlon et âgé de moins de quinze ans.
D’après les registres paroissiaux de plusieurs églises de Dijon, une farce se jouait sur les parvis, suivie d’un défilé en ville avec fifres et tambours. Dans toutes les communautés religieuses ayant des écoles, on travestissait les enfants en moines ou en religieuses ; et parfois, celles-ci changeaient d’habits avec leurs pensionnaires et leur obéissaient pendant les trois jours que durait la fête des Innocents.
Beaucoup moins
« innocente », la fête des Fous souvent célébrée à la même date. On
assistait à une parodie de la liturgie et à des processions ridicules faites
dans les églises : on y gesticulait, dansait et brandissait des chapelets
de saucisses… Au Moyen-âge, le duc de Clèves avait créé à Dijon la
« société des Fous », puis la « compagnie de
Le « Gaillardou » ou « Mère Folle » de Châlon-sur-Saône jouait le même rôle. Ces sortes de « Charivari » et les désordres qui s’en suivaient, entraînèrent leur suppression au milieu du 17ème siècle.
La « fête de l’Ane » serait née à la suite d’un sermon de Saint Augustin ayant vanté les mérites de l’âne qui avait été le « compagnon » du Sauveur sur les routes d’Egypte jusqu’à Jérusalem aux Rameaux. Au départ, le clergé se prêta à ces manifestations qui dégénérèrent.
A Autun, l’âne était souvent recouvert d’un drap d’or dont les quatre coins étaient tenus par des chanoines.
A Sens, on la célébrait le jour
de
Le Jour de l’An
La date officielle du
commencement de l’année a varié au cours des siècles : 1er mars
pour les Mérovingiens, Noël pour les Carolingiens ; et même des variations
suivant les provinces, telles
- les quêtes ou « étrennes » : le début de l’année donnait lieu à des « rites de la première
fois », qui s’accompagnaient de chansons dont les premiers mots étaient
« aguilaneuf ». Dans l’Yonne, ils prenaient différentes formes : « griaulée »,
« guyonnet », « gorgeulé » etc. Rien ne prouve que ces formes dialectales dérivent du
primitif « au gui l’an neuf ». L’origine peut être issue du mot celte « égui-nane » qui
signifie « étrenne ».
-
Les gâteaux : la plupart du temps,
ce sont des petits pains ; mais l’on fait aussi des crêpes, des gaufres ou
des gâteaux en pâte feuilletée.
- Les réunions de famille autour d’un grand repas sont une coutume bien ancrée dans la
Nièvre.
- Les chansons : dans de nombreuse régions de France avait cours une chanson de
caractère énumératif et récapitulatif genre scie où étaient dénombrés tous les cadeaux
que le fiancé ou le mari devait faire à celle qu’il aimait chaque mois de l’année.
Il s’agit de «
« Le premier mois de l’année que donn’rais-je à ma mie ?(bis) Une perdriole / Que va, que vient, que vole /Une perdriole, que vole dans le bois…Le deuxième mois de l’année / que donn’rais je à ma mie (bis) Deux tourterelles, une perdriole etc. Le troisième mois de l’année/ Que donn’rais je à ma mie (bis) Trois ramiers aux bois, deux tourterelles, une perdriole etc….Le douzième mois de l’année / Que donn’rais je à ma mie (bis) Douze biaux garçons, gentils et bons / onze demoiselles gracieuses et belles / Dix coqs chantant/ Neuf poules pondant / Huit moutons blancs / Sept chiens courants /Six lièvres aux champs / Cinq lapins grattant la terre / Quat’canards volant en l’air / Trois ramiers au bois / Deux tourterelles / Une perdriole que va, que vient, que vole / Une perdriole que vole dans le bois. AH….
- Les cadeaux ou étrennes : les enfants mettaient leurs sabots dans la cheminée afin que le Père Janvier y dépose les présents destinés aux enfants sages dans la nuit. Lors de leurs quêtes, ils recevaient soit de l’argent, soit des friandises, souvent des noix, des pommes ou des « daguelles » ou poires confites.
- Les visites : elles étaient de rigueur le premier jour de l’année ; et en Bourgogne, elles avaient une importance sociale, l’omission d’une visite à un membre de la famille ou à un ami entraînant certaines rancoeurs. La coutume voulait que l’on offre la « goutte » aux visiteurs.
-
Les rencontres : le matin du Nouvel
An, il était de bon augure de rencontrer en premier, pour un homme, une
femme ; et pour une femme, un homme. Par contre dans le Nivernais, le fait
de recevoir la visite d’une femme en premier était signe de malheur. Mais on
pouvait conjurer ce mauvais sort, si un homme franchissait le premier le seuil
de la maison ; d’où la coutume de prendre rendez vous la veille avec un
voisin et de n’ouvrir qu’au signal convenu !
- La « première eau » : c’est également au premier janvier que se rapportaient les
traditions concernant la « première eau » ou « crème de l’eau » au pouvoir magique.
D’après Achille Millien, elle était appelée « eau neuve » dans plusieurs bourgs du
Nivernais ; mais il ne donne aucune indication sur les bienfaits qu’elle pouvait
procurer. Sans doute un signe de prospérité
Les Rois
La fête des Rois fixée au 6
janvier est d’origine religieuse, d’après l’évangile de Mathieu, qui, seul,
rapporte brièvement l’épisode des Mages venus adorer l’Enfant Jésus. Il
n’existait pas de liturgie folklorisée dans nos régions. Par contre, on
pratiquait la coutume du « Roi de
La « galette » était
répandue dans toute
« Tirer les Rois » était une tradition populaire : un enfant,
les yeux bandés, désignait en premier la « part du Bon Dieu », celle
de «
Dans les chaumières morvandelles, on se bornait à confectionner un gâteau de sarrazin ou de froment cuit sous la cendre avec une
noisette en guise de fève. Dans certains villages, on mettait deux amandes dans
le gâteau. Si un jeune homme trouvait un de ces fruits, et une jeune fille
l’autre, le roi et la reine s’embrassaient et esquissaient quelques pas de
danse.
Les pratiques magiques liées au culte des Mages
L’orient d’où venaient les Mages faisait rêver ; et on les pensait porteurs de secrets. Aussi les invoquait-on pour prévoir le temps, se protéger des maladies et leur demander joies et bonheur.
Un « procédé de divination du jour des Rois » consistait à faire
« tourner les buis ». Il était très pratiqué en Bourgogne et Morvan par les filles désirant se marier et sur leurs
chances de bonheur. Les feuilles de buis devaient être cueillies avant le chant
du coq. Elles étaient posées sur la plaque horizontale du foyer, la face
supérieure placée dessous, et l’on formulait la question. La chaleur faisait
boursoufler les feuilles ; si elles se mettaient à tournoyer, la réponse
était favorable ; par contre, si
les feuilles restaient immobiles et noircissaient, ce signe était très
défavorable.
Une autre pratique était courante en Nivernais pour les jeunes filles en quête
de mari. Le jour des Rois, il fallait mettre du plomb fondu sur des brins de
paille disposés sur une écuelle pleine d’eau. En examinant les petits morceaux
tombés au fond du récipient, les filles trouvaient les outils spécifiques au
métier de leur futur…Le « pronostic des grains de blé » permettait de
connaître le prix qu’atteindraient les récoltes en cours d’année.
En Bourgogne, le jour des Rois (et la huitaine qui suivait) avant le souper, on
mettait douze grains de blé sur des charbons ardents. Le premier grain était
appelé janvier ; sous la chaleur, le grain sautait : s’il le faisait
en avant, le prix du blé augmenterait pendant ce mois ; s’il sautait sen
arrière, une baisse était à prévoir…Et l’on opérait ainsi pour chaque mois.