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Le cycle des saisons en

Bourgogne – Morvan – Nivernais

 

 

Offrandes des prémices et bénédictions des récoltes

 

Selon la loi mosaïque, les Hébreux ne devaient manger les céréales et les fruits des arbres sans avoir au préalable offert à Jahvé, les « prémices », c'est-à-dire les premiers épis, pains, gâteaux ou raisins.

 

Comme les autres dons, les prémices, dont les principaux bénéficiaires étaient les églises consacrées à la Vierge, représentent un remerciement symbolique, mais aussi concourent à l’entretien des sanctuaires et de leurs desservants. Dans le Nivernais et le Morvan, cette coutume ne semble pas avoir été très suivie, sauf à Pouilly sur Loire, où les vignerons suspendent les premiers raisins mûrs de l’année sur les croix de la commune et sur celles des maîtres autels.

 

En Bourgogne, région pourtant riche en vignobles, on ne trouve que sporadiquement des offrandes, « des raisins presque mûrs », qui, après bénédiction, étaient reversés dans les cuves après la première foulée.

 

Dans l’Yonne, on note de don de la 21ème gerbe et d’un broc de vin réminiscence de la dîme ou compensation des prières ou messes dites de la « Passion », qui avaient lieu entre Pâques et la Pentecôte.

 

Quant aux coutumes pastorales, certains saints étaient voués à la protection de certains animaux : Saint Antoine et les porcs, Saint Eloi pour les chevaux, Saint Blaise, Saint Roch, Sainte Agathe, Sainte Brigitte pour tous les animaux de la ferme.

 

Il y avait aussi de nombreux saints locaux, auxquels certaines chapelles étaient vouées. En Bourgogne, Saint Marien (20 avril), Saint Ursin (9 décembre), Saint Baudry, Saint Denis, Saint Pancrace et Sainte Barbe.

 

Après la bénédiction des chevaux,des courses étaient fréquemment organisées. Mais la course des « Béliers » enrubannés était une spécificité de l’Yonne, dans le canton de Quarré-les-Tombes pour la Sainte Catherine (25novembre) et dans la Côte d’Or à la veille de la Saint

Barthélemy (24 août).

 

La protection des vignobles

 

La Saint Vincent (22 janvier)

Ce diacre de Saragosse, martyr au début du 4ème siècle, devient protecteur des vignes et du vin à partir de 13ème siècle. La taille de la vigne, qui se fait aux approches de la Saint Vincent, est d’ailleurs fondée sur le fait qu’à cette date, la sève n’est pas encore montée.

 

Dans l’Yonne, le jour de la Saint Vincent, au milieu du pain bénit que les vignerons portaient solennellement à l’église, était placé un petit bonhomme en pâte de 25cm. de haut appelé « Mirmouset » (altération du « Marmouset », figure grotesque). Après la messe, il était joint au « Chanteau » que l’on remettait au vigneron qui, l’année suivante, devait offrir le pain bénit. Le « Mirmouset » était surveillé attentivement. S’il restait en bon état, tous les parents éloignés étaient dans le même cas ; mais s’il s’amollissait ou s’il était atteint de taches de moisissures, il fallait craindre un décès dans la famille.

 

Chablis possède depuis longtemps une confrérie de vignerons, dite de Saint Vincent. Dans la Côte d’Or et en Saône et Loire, la Saint Vincent était fêtée dans de nombreuses communes. A Tannay (Nièvre), on fête encore la Saint Vincent des « piocheux ».

 

La Saint Georges (23 avril)

Le recours à ce Saint comme patron des vignerons s’explique peut-être parce qu’il est un des « Saints de Glace » le plus redoutés pour la vigne.

 

Les vendanges

Elles nécessitaient l’embauche d’une main d’œuvre temporaire. Ainsi, dans l’Yonne, c’étaient des étrangers, que, la journée finie, on ne devait plus revoir. Par bandes d’hommes, femmes et enfants, tous arrivaient du Morvan. Ils couchaient dans les granges et les greniers ; et tôt le matin, ils se rendaient sur la place publique où on allait les « louer ». Pour toute nourriture, on leur donnait du pain et une gousse d’ail, et comme boisson, de l’eau claire.

 

En Bourgogne, la fin des vendanges n’était pas fêtée comme celle des moissons ; et le dernier char n’était pas  toujours décoré. Dans les vignobles de Pouilly/Loire, les vendangeurs confectionnaient un gros bouquet de fleurs et le plaçaient au sommet d’une perche qu’ils plantaient dans la dernière cuve de muscadet ou de blanc fumé. Ils suspendaient également des gâteaux et du vin cacheté. Vendangeurs et vendangeuses suivaient la charrette en chantant et dansant. Arrivés au pressoir, ils buvaient du vin doux. Le bouquet était fixé à la porte d’entrée et la fête se terminait par un plantureux repas appelé « tue-chien » ou « paulée ». Et naturellement, tout finissait par des chansons …à boire !

 

« A boire, à boire, à boire, nous quitterons nous sans boire ? Non ! Les Auxerrois sont pas si fous que d’ se quitter sans boire un coup…Verse à boire à ton voisin, car il aime, car il aime, verse à boire à ton voisin car il aime le bon vin ! » ou encore : « J’ons persurré tous les pinots d’Coulanges et en avions du « gigier au beutri » ; noutestoumac nourri par la vendange, sauf votrespé plein coume de gouri  etc. » « Soum’pas si quiau q’d’nous laisser châler ! »

 

Coutumes pastorales d’automne

 

D’après Achille Millien, le passage des grues voyageuses émigrant à l’époque de la Saint Martin, était salué par les bergers dans les champs : « Oies, oies de Saint Martin – les devant pourtant le pain – les mitau pourtant le vin – les darrié creuvant la faim – les darnié gangnez les devant – tournez, tournez… »

 

En Morvan nivernais, les petits gardiens de porcs avaient un chant qui les mettait en scène avec une « gorelle », jeune truie ayant des petits. : »Battons la gorelle- Mon bi – Battons la gorelle- Eh ! Eh ! –La gorelle - Ohé… » Tout en chantant, ils se frappaient vigoureusement du pouce le gosier, produisant des modulations qui permettaient à la voix de franchir de très grandes distances.

 

Le retour à l’étable des vaches s’accompagnait par endroits de chansons traditionnelles, afin que les fermiers ouvrent les portes des étables aux bovidés. Dans le Morvan : «  PiarotteVein don viaz y t’chi le ôte, le ôte – Beurnotte, Fringotte, Métrillère, Métrichaude, Corbinette, Jeaunette, Jolivette etc. » Et du côté de Nevers, l’appel des bestiaux le soir, au coucher du soleil : « V’la ma grand’vache qui brame – Mon p’tit viau a pas tété – Moué qu’n’a pas d’jeuné – Y est ben temps de s’en aller – Ho, relo, relo, relo »

 

Les labours : dans la première partie du 19ème siècle, on labourait avec des bœufs. les chevaux le remplacèrent dans la seconde moitié du 19ème. Ces labours s’accompagnaient parfois de chants, en particulier en Morvan nivernais, aux environs de Château-Chinon, Clamecy et Prémery. Achille Millien donne des versoins du « tiaulage », où le laboureur parlait librement à ses bœufs : « Holà, holà, mes cadets – Holà, holà, mes bœufs blancs – Holà, oh, mes amis – Holà Chavau – Holà Papillon – Holà, ça monte ici – Tirez tout doux, ça ira mieux… »

 

Les semailles : La tradition de faire bénir les grains était surtout répandue en Saône et Loire, le 14 septembre, pour l’Exaltation de la Croix. Les graines bénies étaient mêlées au tas de grains préparés pour l’ensemencement.

 

Les Saints d’automne : La « Saint Michel », dans le Morvan, était une date importante du point de vue juridique : paiement des fermages, changement de maître etc. En Bourgogne, la « Saint Micki » était la fête des Bergers. Et naturellement la Saint Martin, (cf. les Saints honorés en Morvan Nivernais).

 


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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