L’émeute des boisseaux
Quel tintouin pour les ménagères du 18ème siècle d’acheter leur sel au muid, setier ou minot, leur vin à la chopine, la canuse ou la roquille… Et les pesées en livre, en once, en scrupule. Plus de huit cents mesures sont pratiquées sur le sol français, souvent liées aux provinces. Et cette diversité entrave à la circulation des marchandises et enrichit les profiteurs.
Ces justes réformes seront très longues et souvent difficiles à appliquer. C’est le cas de Clamecy et de sa fameuse « révolte des Boisseaux ».
Au printemps 1837, l’adoption des nouvelles mesures
décimales de capacité doit être appliquée ; et les autorités municipales
redoutent une coalition des marchands de grains et de la population des
faubourgs pour continuer l’usage des anciennes mesures. A cet effet, le sous
préfet Petit de
Au même moment arrivent un grand de flotteurs et leurs femmes en ordre de marche, c'est-à-dire deux par deux. Ignorant les paroles du sous préfet, ils entourent les étales des « blâtiers » (marchands de blé) à qui l’on venait de distribuer les nouvelles mesures. Un flotteur s’empare d’un double décalitre et le jette à terre. Le sous préfet le ramasse, mais l’homme lui arrache des mains et le piétine. C’est le signal de la révolte : les mesures décimales volent en éclats ; bousculade générale et cris séditieux. La foule menaçante exige la clé des réserves où sont entreposées les nouvelles mesures. Un hallier s’interpose, refusant de remettre la dite clé : il est blessé au visage. Les portes étant enfoncées, une cohue délirante s’engouffre dans la ressert et brise tout.
Les anciens boisseaux avaient été déposés à la mairie ; les émeutiers ne l’ignorent pas et se lancent à l’assaut du bâtiment où sous préfet, autorités et gendarmes se sont réfugiés. Les portes cèdent à une violente poussée : les anciennes mesures sont récupérées et redistribuées aux marchands de blé, qui les utiliseront pour leurs livraisons toute la journée.
Le préfet de
Le matin du 8, après avoir fait publier un décret sur les
« Attroupements », le Préfet escorté d’une cinquantaine de gendarmes,
se rend à 9 heures et demi sur
Le Préfet alors appel au Ministre de l’Intérieur, qui envoie à Clamecy, le 12 avril, 4 escadrons du 1er Lanciers de Moulins et un détachement de 300 artilleurs de Bourges
Ce déploiement de forces met fin à l’émeute ; une
enquête judiciaire est immédiatement ouverte. Sur 80 hommes et femmes
interpellés, 29 sont envoyés devant
Cette affaire restera dans l’histoire locale et dans la mémoire de ses habitants sous le nom de « Emeute des Boisseaux ».