La faïence
Une vieille
industrie Clamecycoise
Jean-Baptiste-Fidèle Nolet, fondateur de la faïencerie de Clamecy, est né en
Suisse à Arvigot, commune de Saint Laurent en 1749. La
date de sa venue à Clamecy est inconnue ; mais il est probable qu'il y était
installé depuis quelques années, avant son mariage avec Geneviève Brotier, le 8 février 1779. Bien qu’étranger, Nolet prend part activement à la vie municipale.
Il s’associe en 1789 avec un ecclésiastique de
Varzy pour construire dans un verger rue de Chevroches,
une fabrique de faïence où il établit un four à la sicilienne. Un incendie
ayant peu après complètement détruit cet établissement, Nolet
adresse une pétition aux administrateurs du District pour obtenir dédommagement
des pertes subies. Ce que lui accorde volontiers les autorités, comme en
témoigne le procès-verbal de la séance du 7 juillet 1793. « Considérant
que le citoyen Nolet a rendu un grand service à la
chose publique, par l’établissement d’une manufacture qui offre un nouveau
genre de travail dans la ville de Clamecy ; considérant que le
pétitionnaire est venu transporter son industrie en France, où depuis vingt
ans, il s’est fait connaître par sa probité et ses talents, et depuis la
Révolution, par le plus pur civisme ; considérant qu’il a employé à
l’établissement de sa faïencerie tous les fonds acquis par ses travaux
antérieurs et qu’il a satisfait à l’article VIII du titre II de la loi de 1790 sur
les récompenses nationales, les citoyens présents estiment et sont d’avis qu’il
soit accordé au citoyen Nolet, une gratification
de 2 400 livres, dont 1 200 payées sur le champ et l’autre partie
payable aussitôt que son atelier sera remis en pleine activité. »
Nollet dirige son usine pendant plus de 35 ans,
puis il signe un bail de 9 ans en 1804 avec les frères Ferreux, originaires du
Jura. Nolet meurt dans sa propriété du
faubourg renfermé le 10 janvier 1807. L’affaire périclite : l’usine menace
ruine et est abandonnée durant 2 ans.
Les frères Ferreux regagnent leur province, et
c’est M. Willemont, entrepreneur des travaux du canal
du Nivernais, qui espère la reconstruire au moyen d’une association qui ne peut
avoir lieu. Willemont la revend à M. Delapierre fils moyennant une somme de 11 000 francs. Ce
dernier conçoit le projet de donner à cette usine une extension considérable.
Il fait appel à de nombreux ouvriers expérimentés, érige de nouveaux fours et
introduit des machines nouvelles, tel un manège pour mouvoir les meules à
broyer les émaux. La fabrication est très diversifiée : carreaux d’appartements ;
briques ordinaires et réfractaires, tuiles, faïences et poteries de grés, vases
d’ornements, corbeilles, jardinières. « Les pots à fleurs de la fabrique
de Clamecy sont recherchés. »
Les faïences peintes sont décorées de façon modeste
sur le plan artistique : femme tenant une ombrelle, une fleur, dansant sur
une corde raide en robe longue. Elles permettent de suivre l’évolution des
toilettes féminines au 19ème siècle. Le musée de Clamecy possède 44
produits connus de cette époque. A noter parmi elles, une assiette polychrome
de 22cm de diamètre datant du 1er Empire : la « Femme au
râteau », bordures avec stries, marle (bord intérieur) avec six fleurs
semblables, reproduite par la faïencerie Colas pour le centenaire de la Société
scientifique et artistique de Clamecy.
La fabrication qui avait abandonné depuis longtemps
les produits émaillés à base de plomb ou d’étain cesse complètement en 1887.
En avril 1919, sur l’initiative d’André Duquénelle, l’ancienne faïencerie de Clamecy reprend vie
comme aux plus beaux jours de son histoire. Le jaune et le noir dominent dans
de somptueuses décorations. L’atelier s’établit dans le faubourg de Bethléem et
le magasin de vente et d’exposition se trouve sur l’ancienne place des
Barrières, devant le palais de justice.
Au moment de sa retraite, M. Duquénelle
cède son entreprise à son premier ouvrier, Roger Colas, qui continua à
perpétuer la tradition. Son dernier fils, frère d’Alain Colas, le navigateur
solitaire, a repris le flambeau il y a quelques années ; le magasin de
vente situé près du pont de Bethléem attire toujours les touristes.