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Fêtes populaires

Patronales, populaires, comices agricoles, cirques

 

 

 

Le « Jour des Morts et des Trépassés » était célébré le lendemain de la Toussaint. Nous avons déjà décrit son cérémonial que l’on retrouvait également lors des cérémonies patriotiques commémorant l’Armistice du 11 novembre 1918 ou le Mémorial Day en l’honneur de nos alliés américains.

 

Il y avait également les fêtes du 14 juillet avec retraite aux flambeaux le 13 au soir, animée par la « clique » (fanfare) et la Société Philarmonique ; puis les traditionnelles joutes sur l’eau de l’après midi du 14, et le feu d’artifice clôturant les festivités à la nuit tombée.

 

Les courses cyclistes réunissaient les amateurs sur les parcours pentus de l’Abreuvoir et du Crôt Pinçon.

 

Le concours de pêches annuel organisé par la société « La Vandoise » réunissait  de nombreux participants sur les berges de l’Yonne pour «  taquiner le goujon ».

 

Le stade de Bagatelle attirait les fans de foot ; et la société de Tir de l’Espérance disposait d’un champ d’exercices aux Chaumes

 

Quelques uns de ces clubs sombrèrent dans l’oubli après la seconde guerre mondiale.

 

Des représentations théâtrales du type « Revue » évoquaient malicieusement les principaux faits divers ayant émaillé la vie locale de l’année précédente

 

Il y avait les banquets d’associations ; et ceux réunissant la même classe d’âge ayant effectué leur service militaire ; mon père n’aurait jamais manqué le « banquet des Jeunes Gens de la classe 28 », même si les participants atteignaient un âge fort respectable !

 

Sans oublier les « bals de sociétés » ou « bals de bienfaisance ». Le plus « sélect » de l’année était organisé par les Dames Françaises et les Dames de Charité, où la tenue « habillée des dames » et le smoking  ou les complets sombres des messieurs étaient de rigueur.

 

Les fêtes patronales

 

Le jour de la fête patronale dans les villages environnants Clamecy était importante. Invitée dans une famille amie d’agriculteurs, j’ai assisté à plusieurs reprises dans les années 38-45 à la fête du 15 août à Breugnon, Latraut, Villaine.

 

Il y avait d’abord une grand’messe en l’église de Breugnon, célébrée par le curé de l’époque, l’Abbé Grisard. Cet office réunissait familles et amis qui se serraient sur le « banc de famille ».

 

Ensuite c’était la grande réunion autour de la table à laquelle on avait rajouté toutes les rallonges disponibles. Entre « la poire et le fromage » commençaient les chants. Mon père, qui avait une assez jolie voix de baryton était très sollicité pour ses interprétations du répertoire d’antan : « Semailles » de Goublier, « Les Bœufs » de Dupont, et l’inévitable « Angélus de la Mer » dont le refrain : « Au loin, c’est l’Angélus, l’Angélus qui sonne » était repris en chœur par les anciens, tandis que le coin des jeunes le ponctuait de sons de cloches discordants !

 

Après cela, une visite « digestive » s’imposait à la minuscule fête foraine : un stand de confiserie ou de tir, mais surtout un « parquet », salle de danse en bois préfabriquée où avaient lieu un bal animé par un modeste orchestre local. Les jeunes gens des villages voisins,

 Corvol l’Orgueilleux en particulier, « montaient » à Breugnon. C’était une occasion pour la jeunesse de se rencontrer. Les travaux agricoles remplissaient tellement leur vie que ce divertissement était attendu avec impatience.

 

Les fêtes annuelles

 

A Clamecy, elles se tenaient successivement chaque année soit dans le faubourg de Beuvron, soit Places des Jeux ou des Barrières, ou encore sur la Place de l’Eglise. Elles duraient plusieurs jours.

 

Il y avait quelques manèges : auto-tamponneuses, chevaux de bois, chenilles et surtout les « Cricris », très appréciées de mes camarades, mais que je redoutais ! Ce manège, composé d’une série de petits sièges en bois accrochés au toit par des chaînes de fer, tournait de plus en plus vite et les sièges « s’envolaient »…Certains jeunes gens pour « corser les sensations », s’agrippaient aux sièges occupés par les filles devant le leur, les faisaient virevolter en exerçant des poussées, les projetant en l’air plus haut, tandis que les filles plus ou moins d’accord piaillaient de joie ou de terreur !

 

Il y avait aussi les baraques foraines : tir à la carabine, tombolas où l’on pouvait gagner peluches ou « poupées de divan ». Ces dernières, très à la mode dans les années trente, trônaient sur les lits ou sur les canapés. Ma mère en possédait une, appelée Marie-Antoinette », car son costume était celui d’une bergère, tel qu’en portait cette reine à Trianon :  ample jupe de taffetas rose, corselet et paniers en velours noir et coiffée d’une large capeline de paille posée sur une perruque bouclées de cheveux blanc. Elle était, parait-il, très « belle » !

 

Il y avait aussi des baraques en toile de bâche soigneusement closes où s’exhibaient des « phénomènes » tels Carpentier, « l’homme le plus fort du monde », ou des « Monstres ».Le « clou » d’une certaine fête fut « la décapitée parlante », ou « la petite fille sans corps », qui faisait l’objet de toutes les curiosités…et des conversations !

 

A tel point que M.B…, professeur de Physique et Chimie du Collège, jugea utile de démystifier cette supercherie en réalisant un des montages dont il avait le secret, un ensemble de glaces disposées de telle façon que le corps de la poupée qu’il nous présentait, disparaissait par un effet d’optique…

 

Les comices agricoles

 

Manifestations très renommées au 19ème siècle, elles perdurèrent au 20ème siècle. La fréquence était de tous les quatre ans à Clamecy. La veille  et le matin du dimanche choisi étaient consacrés à l’exposition des plus beaux produits cultivés et des plus belles bêtes du cheptel, en général sur la place des Jeux.

L’après-midi, un cortège de chars « cavalcadait » à travers les rues de la ville. Ces chars décorés de fleurs en papier et de feuillages représentant un thème, avaient été secrètement préparés : certains ne manquaient pas d’originalité et même d’humour ! Sur le dernier char, trônaient la « Reine du Comice » et ses Dauphines.

 

 

Les cirques

 

La venue d’un cirque était également un événement pour la population clamecycoise qui raffolait de ce genre de spectacle. Rien que la montée du chapiteau sur la place des Jeux, ou sur le pré Bonneau (au bout de la route d’Auxerre), ou encore dans le Pré-le-Comte, était déjà une attraction. Il y avait également la visite de la ménagerie et la « grande parade » dans les principales rues, en attendant  l’heure du spectacle en soirée.

 

Il y avait les cirques de grand renom : Amar, Pinder ou Bouglione, et d’autres, plus modestes, dont certains numéros très audacieux déclenchaient l’admiration des spectateurs.

 

C’était l’époque où l’on savait encore s’amuser ensemble, jeunes et anciens, et où la société n’avait pas encore sombré dans l’individualisme…


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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