Le Grand Flot :
tirage, tricage,
empilage
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ès l’apparition des premières bûches sous le pont de Bethléem, le faubourg était en émoi : les « picots » sortaient des greniers et les flotteurs gagnait les ports de « tirage » pour y organiser les « âquiers » (ateliers). Le tirage devait être effectué très rapidement pour diminuer le nombre de bûches coulant au fond : les « bois canards ».
Les bois arrivés aux ports de tirage étaient retenus. Pour
ceux au dessus d’Armes et de Clamecy, les arrêts étaient constitués par les
pertuis que l’on « bâclait » au moyen d’aiguilles en bois. Pour le
pertuis de
Les bois tirés, on procédait au triage des bûches et à leur classification par marques des différents propriétaires. Ce travail appelé tricage était fait avec le concours des femmes et des enfants, ce qui laissait disponible un certain nombre d’hommes pour procéder à l’empilage définitif par marques.
Les piles devaient s’élever perpendiculairement au cours de
la rivière, c'est-à-dire en éperon à dix huit pieds du bord, conformément au
règlement précis de l’ordonnance de 1672 qui en fixait la hauteur, la longueur
et l’espacement, dûment vérifiées par les garde ports avec leurs règles de
Clamecy était devenu véritablement la « Bourse du commerce du bois flotté. C’est sur ses ports que se fixaient les cours. L’importance des flots semble avoir atteint son point culminant durant la période 1789-1816. A partir de 1821, la houille remplace le bois dans les foyers ouvriers parisiens. L’extension de la production du coke, combustible bon marché, fait bientôt du bois flotté, un combustible de luxe.
Après la guerre de 1870, les ports clamecycois ne reçoivent plus que 100 000 stères au lieu de 848 000 stères en 1804. Seuls restent exploités « le Pré aux Oies » et « le Port des Laines » Le flottage voit sa régression au fur et à mesure du perfectionnement apporté à Paris au chauffage des appartements parisiens par l’extension du chauffage central.
En conclusion, donnons la parole à M. Charles Milandre, érudit local et ancien enfant de Beyant, à qui cet article doit beaucoup :
« Le pont de
Bethléem vit, durant l’hiver 1923, passer le « dernier flot »
venu du Morvan ; les progrès et la science avaient tué une industrie
locale plus de cinq fois centenaire, bien que son économie ne se soit pas
démentie un seul jour durant la longue période de son exploitation ».