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Historique de Clamecy

 

 

L’origine de Clamecy est incertaine, de même que son nom qui a donné lieu à des opinions variées, sans fondement justifié.

 

Ce que l’on sait, c’est que, érigée en paroisse vers la fin du VIIIe siècle, la châtellenie de Clamecy relevait, au début du XIe siècle, de l’évêque d’Auxerre, sous l’autorité suzeraine des comtes de Nevers. L’un d’eux, Hervé, époux de la célèbre comtesse Mahaut de Courtenay, accorda aux habitants de Clamecy, leurs premières franchises en 1219, par suppression de la mainmorte et des corvées de toute nature leur instituant comme seules charges la dîme et une redevance de 5 sols d’or par famille et leur concédant le droit d’usage sur 7 ou 8 arpents de bois.

 

Il convient de relater ici un évènement unique : l’installation à Clamecy de l’évêque « in partibus »de Bethléem. Guillaume IV, comte de Nevers, parti en 1167 à la croisade en Palestine où il meurt de la peste. Il lègue par testament à l’évêché de Bethléem, l’hôpital de Panténor à Clamecy, créé par sa famille. L’évêque prendrait possession de cet hôpital et de ses revenus dans le cas où le nouvel évêché de Terre Sainte ne subsisterait pas. Ce qui advint vers 1223. Malgré de nombreux démêlés avec les évêques d’Auxerre et d’Autun, l’évêché de Bethlèem – les – Clamecy subsista jusqu’au concordat de 1801.

 

Au XIIIe siècle, la ville de Clamecy, comptant de 1200 à 1500 habitants, constituait une importante position stratégique où les comtes de Nevers firent construire un imposant château entouré d’une enceinte fortifiée.

 

Pendant la guerre de Cent Ans (1337 à 1453), Clamecy eut à subir des passages et occupations de troupes, notamment celle de l’armée anglaise d’Edouard III.

 

La ville reçut en 1478 la visite de Louis XI, et en 1530, celle de François 1er.

 

Profitant d’une période d’accalmie à partir de 1497, les habitants de la cité restaurèrent leur ancienne église paroissiale et firent ériger la touret le portail que l’on peut admirer de nos jours.

 

L’histoire de Clamecy a été marquée fortement par son rôle joué dans l’approvisionnement de Paris en bois de chauffage, commerce instauré par Jean Rouvet en 1549. Les bois du Morvan, flottant au fil de l’eau, parvenaient à Clamecy et étaient constitués entrains de bois arrivant à Paris par l’Yonne et la Seine. Au cours du XIXe siècle, ce mode de transport est remplacé par celui par péniche ; mais l’augmentation progressive de la consommation du charbon pour le chauffage domestique parisien amena, au début du XXe siècle une réduction du tonnage de bois, lequel, de l’ordre de 40 000 décastères en 1650, tombait à peu près à zéro en 1925.

 

En 1582 et 1583, une épidémie de peste causa dans Clamecy des ravages considérables ; puis la ville eut à supporter de nombreux combats, dus aux guerres de religion de 1585 à 1594, auxquels succédèrent des occupations de troupes pendant les guerres civiles jusqu’en 1617.





 

Le 11 juillet 1659, Mazarin se rendait acquéreur du Nivernais ; Colbert, chargé de la prise de possession, vient à Clamecy le 3 novembre 1659. Mazarin avait de grands projets pour faire de Clamecy une belle et grande ville ; mais sa mort en mars 1661 arrête la réalisation de ces projets.

 

C’est à partir de 1682 que Clamecy eut une organisation municipale ; mais le titre de Maire ne fut conféré qu’en 1694. C’est aussi à la fin du XVIIe siècle que viennent se fixer dans la cité, les deux ordres religieux des moines Récollets et les sœurs de la Providence.

 

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la ville eut à souffrir fortement des intempéries : le terrible hiver de 1709, une sécheresse excessive en 1719 et, en 1740, un nouvel hiver presque aussi rigoureux que celui de 1709. Toutes ces misères causées par ces calamités, développèrent chez les flotteurs clamecycois  un esprit de mécontentement et

 d’insubordination, qui causa des émeutes en 1763, et plus tard en 1792.

 

A Clamecy, comme ailleurs, la période révolutionnaire donna lieu à de grands excès. La Terreur y régna avec toute sa rigueur (exactions, arrestations arbitraires) ; 17 personnes furent guillotinées et un certain nombre ne  dure leur salut quà la chute de Robespierre.

 

C’est par un arrêté des Consuls du 17 ventôse an VIII (17 février1800) que le département de la Nièvre fut partagé en 4arrondissements dont celui de Clamecy, et en 25 cantons. Il fut installé en cette ville un tribunal de 1ère instance et une justice de paix

 

Après la chute de Napoléon, Clamecy et les communes environnantes furent submergées de juillet à octobre 1815 par des troupes des armées alliées, notamment des autrichiens. Puis une violente réaction royaliste amena un grand nombre de révocations de maires, de destitutions et de suspensions d’emploi à l’égard de fonctionnaires, d’arrestations de citoyens considérés comme suspects de sympathie pour Napoléon.

 

Le XIXe siècle, à Clamecy, une épidémie de choléra fit plus de 200 victimes en 1832 ; une émeute dite « des Boisseaux » en 1837, à l’occasion de la mise en service des mesures décimales de capacité ; puis des événements beaucoup plus graves par suite de la résistance au coup d’Etat du 2 décembre 1851. Cette résistance eut pour conséquence la condamnation de près de 600 personnes dont 6 à la peine de mort, 7 aux travaux forcés et le reste à la déportation à Cayenne ou en Algérie.

 

Les travaux de construction de la ligne de chemin de fer Auxerre-Clamecy devant relier rapidement cette dernière cité  à Paris furent menés activement ; et l’inauguration de la ligne eut lieu au cours de l’été 1870. Cette voie ferrée allait trouver son utilité pour le transport des troupes et l’évacuation des blessés au cours du proche conflit franco-allemand.                                  

 

La guerre de 1870-1871 et ses suites causèrent à Clamecy les souffrances qui furent le lot de la plus grande partie de la France , d’ailleurs aggravées par le très rigoureux hiver 1879-71.

 

La guerre 1914-1918 devait coûter la vie à 205 enfants de la cité. Sa position géographique, ses communications ferroviaires, routières et fluviales font de Clamecy  un important centre de ravitaillement pour les armées et d’expéditions sur le front ; mais hélas, un accueil pour les blessés et malades, dans plusieurs hôpitaux de fortune aménagés pour la circonstance.

L’entrée en guerre des Etats-Unis, fin mai1917, amène en juillet 1918, 6 000 soldats américains tenant garnison dans la ville et les alentours.

 

Après la guerre, la municipalité voulut élever à ses morts, un monument digne de ses nombreux héros. L’ancienne « place des Jeux » reçoit le nom du Commandant Boidot, l’une des 205 victimes. Le monument, œuvre du sculpteur Max Blondat, représentait un « Poilu » grandeur nature en bronze, écrasant le double aigle allemand. Cette statue d’un réalisme impressionnant, disparut rapidement sous l’Occupation en 1940.

 

De multiples changements survinrent dans les années 1920 : désaffection pour cause de vétusté de l’église de Bethléem ; amélioration et extension des services médicaux et chirurgicaux, et construction d’un nouvel hôpital, route de Beaugy, mis en service en 1932 ; nouvel essor des mouvements littéraires, scientifiques, sportifs, touristiques … Etablissement de services d’autocars réguliers rayonnant autour de Clamecy ; développement de l’industrie, ce qui nous mène à « l’ère Brulfer »

 

En 1916, arrive en gare de Clamecy, un jeune ingénieur chimiste venu pour organiser une production nouvelle. La France en guerre veut se doter d’armes chimiques. C’est aini que commence la carrière de Maurice Brulfer, ce patron qui marquera Clamecy et ses environs pendant 50 ans. « Paternaliste total » pour les uns, « Patron de gauche pour les autres.

 

L’usine de la S.P.C.C.( Société des Produits Chimiques de Clamecy), fait partie du groupe Progil, dont Maurice Brulfer deviendra le directeur général.

 

La carbonisation du bois nécessite jusqu’à mille stères de bois par jour.

Autres activités : le désétamage consistant à récupérer l’étain de l’intérieur des boîtes de conserves. Et la production de la bakélite dans l’atelier R.V.A. (Résines et Vernis artificiels). Et en 1947, création de colonnes de distillation d’où l’on extrait alcool méthylique, acide acétique, goudrons, acétone. Les usines sont en plein essor et emploient plus de 1 200 salariés, bûcherons compris.

 

Maurice Brulfer, de taille et de corpulence exceptionnelles, (2 mètres et 160 kilos) devient rapidement le « maître ».

 

A Clamecy, « tout est Brulfer » : les usines, le sport (construction d’un stade), la musique ( une Harmonie de la S.P.C.C. ayant à sa disposition un auditorium), le logement (création de la Cité de Bagatelle – 120 logements ouvriers- et la Cité ST. Roch pour les ingénieurs.), le théâtre (un Casino avec salle de spectacle et de bal) ; et même la vie religieuse (une chapelle au cœur de l’usine dédiée à Notre Dame du Travail, bénie solennellement le 16 août 1950 par l’évêque de Nevers, et où est célébrée une messe tous les dimanches).

 

Les œuvres sociales sont importantes à la S.P.C.C. : mutuelle ouvrière, centre médico-social, jardins ouvriers etc.

 

Les fêtes tiennent  une grande place dans la vie de l’entreprise. La plus importante, la Saint Maurice, fête du patron, avec messe à la Chapelle, banquet traditionnel où sont conviés tous les Maurice de l’usine, grand bal et fête foraine avec tickets gratuits réservés aux enfants du personnel.

 

Les œuvres de jeunesse sont animées par Sœur Marie de la Providence. Elle est l’âme du patronage, dirige l’Ecole Ménagère, organise les colonies de vacances implantées à Asnois (Nièvre) et à St. Père (Normandie), et  l’Arbre de Noël du personnel. Son souvenir reste encore vivace chez les vieux Clamecycois.

 

La carbonisation du bois s’arrête en 1981. Les fours sont détruits en 1983, ainsi que les pavillons de Bagatelle. La chapelle est à l’abandon. L’usine devient Rhône – Poulenc et Rhodia. C’est là que travaillent encore 130 salariés.

 

L’ombre de Maurice Brulfer plane sur la pelouse en friche du stade. Et les Anciens le remercient d’avoir doté leur ville du Parc Vauvert, acheté à la famille Cadart alors qu’il était Maire.

 

Les municipalités suivantes (sous la direction de Messieurs Paulus, médecin, Barbier, chirurgien, Bardin, enseignant etc.) ont essayé de redonner à la ville un certain lustre, avec, en particulier, la construction de nouveaux quartiers. Mais le manque de débouchés industriels n’incite pas les jeunes à rester. Et les derniers recensements témoignent du peu d’évolution du nombre d’habitants.


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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