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Les jeux nautiques clamecycois

 

 

Les joutes nautiques remontent à l’Antiquité. A Rome, elles étaient organisées dans des arènes conçues pour recevoir de l’eau.

 

A Clamecy, elles étaient le grand divertissement des flotteurs en période de chômage ou de grève. Certains historiens locaux font remonter cette tradition à 1547. Mais c’est certainement au cours du 19ème siècle qu’elles ont pris leur importance dans la vie locale, et ont fait l’objet de multiples descriptions. Voici celles dont j’ai été témoin dans ma jeunesse.

 

Elles avaient lieu sur l’Yonne. Une tribune officielle, en fait une tente, abritait les notabilités et leurs familles : un premier rang de chaises en bois, et les autres rangs faits de bancs boiteux. Au dessous, une sorte de plancher en bois solidement amarré, était réservé à la Société Philharmonique.

 

Sur deux péniches en travers de la rivière et se faisant face à une centaine de mètres l’une de l’autre, les deux équipes de lutteurs attendaient, vêtus de blanc avec de larges ceintures et des calots de couleur rouge ou bleue.

 

L’arrivée du sous préfet, du maire et du conseil municipal était le signal du début des réjouissances.

 

Deux jouteurs, juchés à l’arrière surélevé d’une barque, appelé « trinquet » vont essayé de se faire tomber en se poussant avec de longues lances, au moment où les deux bateaux : le « Tu iras » et le « Toi aussi » (sous entendu : à yau !) se croisent. Tandis que sur la rive, le tambour municipal rythme le mouvement des rameurs, d’un roulement obsédant, voire angoissant, de plus en plus rapide, qui aurait ponctué, dit-on, l’ultime assaut de la vieille garde napoléonienne à Waterloo.

 

Les jouteurs s’affrontent ainsi au cours d’une ou plusieurs « passes ». Si le duel dure trop longtemps, le « commissaire des joutes » leur ordonne de se tenir à pieds joints sur le trinquet. Et là, le plus puissant fait trébucher son adversaire qui tombe à l’eau, tandis que la « Philar » interprète un court extrait de la « Gaîté Parisienne » d’Offenbach.

 

A Clamecy, contrairement à d’autres villes, les jouteurs combattent sans la protection de plastrons ou de boucliers. Leur chemise de coton n’est pas là pour atténuer les coups. Bien au contraire, le tissu évite que le bout de la lance garnie de cuir, ne glisse sur le thorax ruisselant de sueur et que le coup dévie… Il faut faire face à l’adversaire « la poitrine crânement bombée » ; et honte à celui qui se présente « le torse de biais » pour esquiver l’attaque.

 

Du temps des flotteurs, en dépit de leurs règles « chevaleresques » ces jeux n’étaient pas toujours innocents ; on y relevait des défis et on y réglait ses comptes… Les femmes, stoïques, attendaient sur la berge avec bandages et bocaux de sangsues.

 

Aux termes de la compétition, il restait en lice deux jouteurs ; et l’ultime combat déterminait le « Roi sec » et le « Roi mou ».

 

Le cortège officiel avec le « Roi sec », musique en tête, se formait et remontait à la mairie où les prix étaient distribués.

 

Une autre fête nautique de création récente attire Clamecycois et touristes sur les bords de l’Yonne en août. Il s’agit de la « Descente Bidons » organisée par l’association des « Crapauds de Basseville ». Il s’agit de faire « naviguer » des embarcations plutôt précaires, car montées sur des bidons, des pneus ou des matelas pneumatiques etc. L’attrait de cette manifestation est la recherche d’idées originales pour camoufler les moyens employés pour le flottage de ces « châteaux forts, igloos, tentes d’indiens etc. » (cf. la photo panoramique ouvrant la première page de ce site, prise par F. Delaitre lors d’une de ces fêtes.) Il faut les faire naviguer sur un parcours donné et même passer des écluses.

 

C’est une manifestation très courue ; les plus belles réalisations sont récompensées par des « bidons d’or, d’argent et de bronze » au cours d’une soirée à la Tambourinette.


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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