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Les Dupin

 

Une « dynastie » ayant pris Clamecy comme patrie d’adoption.

 

Le nom des « Trois Dupin » a été donné par délibération du Conseil Municipal du 15 septembre 1967 à une rue du lotissement de la Ferme Blanche. Les Dupin étaient issus d’une vieille famille française, devenue nivernaise après l’acquisition en 1670 de la terre et du château des Cœurs (près de Marcy), faite par J.J. Dupin, avocat au Parlement et lieutenant de

 la Châtellenie de Varzy, aux héritiers des Lamoignon, autre vieille famille nivernaise.

 

André Dupin

Descendant de cet avocat, il naît à Clamecy le 19 mars 1725. Il fut un médecin de renom au 18ème siècle, auteur de nombreux ouvrages de médecine. Nommé maire de Clamecy pour trois ans, « par Brevet du Roi », il est installé à ce poste le 29 mai 1769. Il meurt dans sa ville natale le 14 avril 1793. Il est le père de Charles-André Dupin et grand-père des « Trois Dupin ».

 

Dupin Charles André, dit « le Père des Trois Dupin »

Né à Clamecy le 17 juin 1757. Devenu Lieutenant du Bailliage de Clamecy, il eut une vie politique mouvementée : élu à l’Assemblée Législative en 1791, arrêté à Clamecy comme suspect « entaché d’incivisme », et enfermé au château de Pressures en 1793. En janvier 1794, le représentant du peuple Lefyot arrive à Clamecy et dans le Temple de la Raison (nouvelle appellation de l’église Saint Martin), il convoque toute la population de la ville. Vêtu de la carmagnole, ceint de l’écharpe tricolore et coiffé du chapeau à plumes, il décide du sort des 38 prisonniers détenus à Pressures. Les nommant tour à tour à haute voix, il attend la décision du peuple qui se prononce par « acclamations approbatives ou hostiles ». Vingt et un d’entre eux, déclarés « bons citoyens » sont libérés le lendemain. Parmi eux : Dupin.

 

Elu député de la Nièvre au conseil des Anciens, Dupin est nommé membre du Corps Législatif de 1800 à 1804 ; peu favorable à Napoléon, il est nommé Sous Préfet de Clamecy par Louis XVIII. Il aura à cœur auprès de la population d’atténuer autant que possible, les rigueurs imposées par l’occupation des armées ennemies. Il meurt à Clamecy le 21 novembre 1843.

 

Marlière, Sous Préfet de Clamecy sous le Second Empire lui rend l’hommage suivant :

« Comme Sous Préfet de Clamecy, Dupin exerça cette fonction avec honneur en administrateur habile et irréprochable. Sa modestie égalait son mérite, et il refusa constamment l’avancement qui lui était offert dans l’Administration, pour se dévouer à ses concitoyens. »

 

Dupin André Marie Jean Jacques, dit « Dupin aîné »

Il naît à Varzy le 1er février 1783. En 1800, il est le premier docteur reçu après le rétablissement de la Faculté de Droit de Paris. Inscrit au barreau où sa verve et son esprit, ainsi que sa science juridique, lui assurent une très belle situation. Il plaide la cause du Maréchal Ney ce qui le rend populaire et il devient l’avocat favori de l’opposition. Adversaire de Charles X, il prend une bonne part à la révolution de 1830. Ami du duc d’Orléans, il est nommé Procureur Général à la Cour de Cassation et requiert en cette qualité contre Fouquet.

Député de Clamecy, Président de la Chambre jusqu’en 1839, membre des Assemblée Constituante et Législative en 1848, il en devient Présidant jusqu’au coup d’Etat de 1851.  Partisan de la famille d’Orléans, à qui on vient de confisquer les biens, il se démet de sa charge et se retire sur ses terres de Gâcogne. Napoléon III le fait nommer sénateur et lui redonne sa haute fonction de Procureur Général.

 

Jurisconsulte remarquable, lettré et savant, Dupin Aîné est à la fois membre de l’Académie Française et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Parmi ses nombreuses œuvres : « Libertés de l’Eglise Gallicane » ; « Le Procès du Christ » ; « Manuel du droit public écclésiastique français » et de « Mémoires ».

 

Il meurt à Paris le 10 novembre 1865 et est inhumé à Clamecy. Une statue lui est élevée sur la place principale de Varzy.

 

Dupin François Pierre Charles, dit le « Baron Dupin

Second fils de Charles André, il naît à Varzy le 6 octobre 1784. En 1801, il entre premier à l’Ecole Polytechnique sur 200 concurrents. A sa sortie, il devient Inspecteur Général du Génie Maritime et se signale par de nombreux travaux et publications d’ouvrages mathématiques et de cosmographie. Il est couvert d’honneurs. Louis XVIII en fait un Baron. Il siège à la Chambre des Pairs. En 1848, Dupin est élu aux Assemblées Constituante et Législative en Seine Inférieure (Seine Maritime actuelle). Il donne sa démission de membre du Conseil de l’Amirauté ; mais Napoléon III le nomme sénateur, fonction qu’il conservera pendant tout le Second Empire. Il meurt à Paris le 18 janvier 1873 et est inhumé à Clamecy dans le caveau de famille.

Economiste distingué et mathématicien hors pair, Charles Dupin acquiert une réputation mondiale pour ses travaux sur la courbure des surfaces, les tangentes conjuguées, la réfraction de la lumière etc. Son œuvre capitale est « Les forces productives des Nations de 1800 à 1851 ». Fondateur du Conservatoire des Arts et Métiers, le baron Dupin est membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques.

 

Dupin Simon Philippe

Troisième fils de Charles André, né à Varzy le 7ocotbre 1795. Reçu avocat à vingt et un ans, il est bâtonnier de son Ordre sous Louis Philippe. Ses contemporains avocats et magistrats le qualifiaient de « Maître transcendant et sans égal ». Ses plaidoiries étaient peines de verve, de saillies mordantes et de rapprochements ingénieux.

 

Il défendit en particulier la cause du duc d’Aumale menacé dans ses droits sur Chantilly, lors de la succession du duc de Bourbon.

 

Peu intéressé par la politique, malgré sa fonction de Conseillé privé du roi Louis Philippe, il fut cependant élu député de la Nièvre en 1830et député de l’arrondissement d’Avallon en 1842.

 

Il meurt à Paris le 4 février 1846. Il repose à Clamecy dans l’un des quatre remarquables tombeaux monumentaux dans l’enceinte nord du cimetière « des Six Journaux » à Clamecy.

 

Les clamecycois de la génération des années trente n’oublient pas les distributions solennelles des Prix du Collège, et les bals « de société » qui avaient lieu dans la grande salle des Fêtes de la Mairie, sous les immenses portraits en pied des Dupin en costumes de hauts magistrats : attitudes figées et regards impassibles.

 

Annie Delaitre Rélu

 

 

 

  

 

 

 

  


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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