Retour à l'accueil


19 août 1944

Libération de Clamecy

 

Il me reste peu de souvenirs de ce jour mémorable. Il faut rappeler que l’éducation donnée aux enfants nés dans les années 1930 n’avait guère changé depuis le 19ème siècle. Beaucoup de sujets étaient tabous. Et les conversations entre adultes se faisaient toujours hors de la présence des enfants.

 

Mes grands-parents maternels habitaient le 16, route d’Auxerre. Leur voisin le plus proche était M. Octave Noël habitant la maison mitoyenne au 18, avec lequel ils entretenaient des relations de bon voisinage. Or, c’est en lisant le dernier bulletin (2004) de la Société Scientifique, et l’article de Janette Colas sur la libération de Clamecy que j’ai appris que M. Noël avait été arrêté en novembre 1943 par la Gestapo et incarcéré pendant trois mois à la prison de Nevers. Même si cette arrestation fut probablement discrète, il est peu vraisemblable que mes grands-parents n’aient pas remarqué l’absence de leur voisin ; mais cela n’a jamais transpiré dans les propos tenus devant moi.

 

Mes parents étaient naturellement au courant de l’engagement de leur cousin et filleul Michel M. dans la Résistance. Ils savaient qu’il était dans un maquis savoyard qui s’illustra dans des combats à Ambérieu. Mais je n’ai appris les exploits de mon parrain que bien des années plus tard.

 

Pour en venir au matin du 19 août 1944 dont je ne garde que peu de souvenirs, il me semble que mon père, s’étant rendu sur l’un des chantiers (plâtrerie – peinture) qu’il avait en ville, revint rapidement à la maison pour nous annoncer à ma mère et à moi, que les Allemands avaient quitté Clamecy dans la nuit ; et qu’après vérification et confirmation, les maquisards du camp du Loup (cantonnés dans les bois de Creux) avaient investi la ville au matin.

 

Mon père me proposa de l’accompagner sur la place de l’Eglise Saint Martin, où, le bouche-à-oreille ayant bien fonctionné, les habitants venaient aux nouvelles. Je me souviens vaguement d’un engin porté par un maquisard que je n’avais jamais vu auparavant : mitraillette ou bazooka ?

 

Rien d’autre à noter. Car, en fait, les maquisards abandonnèrent la ville pour placer des embuscades dans les environs afin de retarder la retraite des convois allemands dont le but était de rejoindre au plus vite les frontières de l’est et empêcher les troupes alliées de pénétrer en Allemagne.

 

La cérémonie commémorant la Libération eut lieu le dimanche 17 septembre. Ce même jour, un nouveau Conseil Municipal était mis en place, avec comme maire, le docteur Paulus, notre médecin traitant et ami de la famille ; le sous préfet étant M. Octave Noël, issu de la Résistance.




Monument du maquis du loup dans les bois de Creux

 

Pour finir sur une note « romantique » : à l’automne, un jeune et beau lieutenant du maquis du Loup épousait en grandes pompes, une jeune fille de la ville, qui avait été elle-même agent de liaison. La population se rendit en masse à la cérémonie du mariage, par sympathie sans doute, par curiosité sûrement … La robe de la mariée, à traîne, avait été faite , parait-il, dans une toile de parachute !


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
Retour à l'accueil