Les mission et processions
dans le vieux Clamecy
Les Missions
Dans l’église Saint Martin de Clamecy, les solennités liturgiques se prolongeaient souvent en des manifestations extérieures sous forme de Mission ou de Procession. .Le cérémonial intérieur était réglé par les Fabriciens, alors que celui extérieur à l’église était régi par les Echevins.
De toutes les Missions prêchées à Clamecy, les plus importantes furent celles de l’époque du Jansénisme, le diocèse d’Auxerre dont dépendait cette cité ayant été « contaminé » par cette nouvelle religion.
La foi était ravivée en profondeur quand les bourgades accueillaient une « Mission ». La nouvelle était officiellement annoncée quelques temps auparavant et les paroissiens se sentaient très concernés. Durant toute la durée de la mission, la vie quotidienne était ponctuée de messes, saluts du Très Saint Sacrement, processions et adoration. Une ferveur renaissait, réveillant souvent la « tiédeur d’une foi ronronnante », trop ancrée dans les habitudes et un peu resserrée sur elle-même.
Les missionnaires, essentiellement des Jésuites à Clamecy, étaient accueillis en grande pompe ; ils donnaient rendez-vous tous les jours à toutes ces « ouailles » occasionnelles. Ils logeaient au presbytère, mais étaient reçus pour un repas dans telle ou telle famille, pour qui c’était une faveur et un honneur
Ces missionnaires étaient dynamiques et « rayonnants ». Ils étonnaient par leur personnalité inattendue, car ils savaient rire, se détendre, parler de l’actualité, raconter des histoires…et apprécier les bons mets préparés par les maîtresses de maison !
Une mission prêchée par la paroisse d’Armes d’avril à juin 1751 par trois Jésuites venus d’Auxerre, a laissé un grand souvenir. A cette époque, le clergé de Clamecy était janséniste ; Armes, bien que dépendant de l’évêché janséniste d’Auxerre, était resté orthodoxe, et son curé un anti-janséniste militant. Malgré les interdictions lancées par le Chantre-curé de Saint Martin, la majorité de la population clamecycoise courut à Armes entendre les sermons enflammés des prédicateurs. Ces derniers ne tinrent pas compte des recommandations faites par l’évêque d’Autun, « de se renfermer dans les règles prescrites », et se lancèrent dans quelques démonstrations extérieures plutôt théâtrales. Ainsi, le 28 mai 1751, une grandiose procession partant de l’église d’Armes vint planter une croix de Mission face à Clamecy, proche de la Chapelle Saint Lazare ou de la Maladrerie. De nombreux jeunes gens de Clamecy y assistèrent « sous les armes, drapeau déployé et tambours », ainsi que la Maréchaussée, les Révérends Pères des récollets et une foule énorme de Clamecycois. L’un des frères Jésuites, « monté sur une haquenée (jument d’allure assez douce), et brandissant une houssine (baguette de houx) organisait la police chemin faisant. »
Les prédicateurs s’étant rendu compte que le clergé de Clamecy et le Jansénisme n’avaient aucune prise sur leurs paroissiens, eurent à la suite de la « plantation de la Croix », l’idée d’organiser une seconde procession qui se prolongerait dans les rues de Clamecy. Un échafaudage portatif appelé « Le Triomphe de la Vierge » fut transporté depuis l’église d’Armes jusqu’au cœur de la ville chez le subdélégué de l’Intendant d’Orléans. Cette procession n’était en fait qu’un cortège, sans clergé revêtu d’ornements sacerdotaux, ni croix, ni bannières, qui parcourut les rues de la cité et fit une station devant le presbytère.
Ces missionnaires quittèrent la ville en juin 1751 ; ils avaient suscité un grand élan de sympathie dans la population, en laissant derrière eux un clan de partisans surnommés les « roboïstes » ( ?)
L’une des dernières missions importantes prêchées à Clamecy fut celle de fin décembre 1851 à janvier 1852, suite aux tragiques événements provoqués par le coup d’état de 1851. C’est à l’issue de cette Mission que l’on plaça sur le pont de Beuvron la belle croix de pierre qui s’y trouve encore actuellement.
Les processions
Elles étaient très en vogue à Clamecy. Il y avait celles des dimanches après vêpres entre Pâques et l’Ascension, à chaque croix de la ville. Il y avait aussi les traditionnelles processions dites « de la Lune Rousse » ou de printemps pour conjurer l’effet des gelées. Une autre de ces manifestations avait lieu pour la Fête Dieu. Elle persista jusqu’à la seconde guerre mondiale.
Un document daté de l’année 1679 nous renseigne sur le cérémonial observé pour la circonstance. Les Echevins chargés d’assurer le protocole hors de l’église ordonnent : « que les rues et les places soient nettoyées ; que dans les rues où passera le Saint Sacrement, les maisons et autres bâtiments soient tendus, ou de tapisseries ou de toiles honnestes, suivant les facultés des particuliers, ou de ramage vert pour les maisons de deuil. »
Les Protestants, par déclaration du Roi, étaient tenus de nettoyer leur devant de porte ( !). Ils pouvaient stationner sur le parcours de la procession, mais devaient se découvrir au passage du Saint Sacrement. En l’année 1679, il est mentionné quatre reposoirs dressés aux emplacements suivants : près de la Tour du Chastelot (proche du Grenier à sel) ; en l’église Nostre Dame de Bethléem (chapelle de l’évêché – hôtel de la Boule d’Or devenu l’Opaline) ; à la croix de la place du Marché ; et chez les R.P. Récollets en Beuvron. Tous les fidèles suivaient ce cortège, chacun ayant une place bien définie selon sa fonction ou sa qualité de membres de telle ou telle confrérie ou corporation.
En tête, la « petite Bannière » suivie des enfants et de leurs maîtres ; puis la « Grande Bannière » escortée de porteurs se relayant ; venait ensuite le « Crieur des Confréries » vêtu d’une aube et d’une tunique, précédant les seize Confréries groupées chacune autour de sa bannière portée par des « bâtonniers » accompagnés de porteurs de torches
Derrière, douze particuliers un cierge à la main figurant les douze apôtres ; les R.P.Récollets ; les porteurs de reliques de Saint Martin ; la croix et le clergé entourant le Saint Sacrement ; quelques notables paroissiens qui portaient le dais à tour de rôle. Et enfin les « Echevins, pères et tuteurs de la ville ; et les Fabriciens, « pères et tuteurs de l’église ». Ce qui définissaient bien le rôle et les attributions des uns et des autres.