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Texte paru dans le Morvandiau de Paris d'avril 2004.

 

Roger de Piles

(1635-1709)

 

Peintre -  Graveur – Ecrivain – Critique d’Art – Diplomate

 

 

Le 7 octobre 1636, rue Basse (aujourd’hui rue Thiers), près de la porte du Beuvron, naît Roger de Piles, avant dernier d’une fratrie de onze enfants. La famille de Pile est une vieille famille clamecycoise, possédant d’importants domaines fonciers dans le Nivernais, et qui compta au 16ème siècle plusieurs chantres curés de la collégiale Saint Martin.

 

Son père, Adrien de Piles occupe la fonction de Contrôleur du Grenier à Sel ; ami du duc de Bellegarde, ancien compagnon d’Henri IV. Il demande à ce dernier d’être le parrain du nouveau né, qui est baptisé le 20 octobre en la collégiale Saint Martin :

 

« Ce jourd’hui vingtième du mois d’octobre au que desous  1635, a été baptisé Roger,fils du noble Adrien de Piles contrôleur au magasin et grenier à sel de Clamecy et de dame Barbe Grasset, ses père et mère, et a eu pour parrain hault et puissant seigneur Messire Roger de Belle garde, duc, pair et grand escuyer de France, et pour marraine Estiennette Olivier, espouse de Messire François de Blanchefort, chevalier, seigneur et baron d’Asnois, Sergine et La Chapelle, lequel Roger toutefois est nay septièmes jour du dit mois ».

 

Après avoir commencé ses études au collège de Clamecy, le jeune Roger les complète successivement à Nevers, puis Auxerre et enfin Paris. Elève doué et brillant, il étudie la philosophie et la théologie, et s’adonne à la peinture auprès de Frère Luc, religieux récollet, qu’il surpassera bientôt.

 

En 1662, à l’âge de vingt sept ans, il est choisi par Charles Amelot, maître des Requêtes, comme précepteur de son fils, qui deviendra un diplomate de renom : marquis de Gournay.

Celui-ci, nommé ambassadeur, choisit comme secrétaire Roger de Piles et l’emmène dans ses différents postes, en Italie (1682), au Portugal (1685) et en Suède (1689).

 

De Piles s’adapte si bien à sa nouvelle fonction que le ministre Louvois lui confie en 1693, une mission secrète en Hollande, ayant pour but de mettre fin aux conflits armés existant entre

La France et la Hollande. Malgré toutes les précautions prises, de Piles est arrêté, jugé par le tribunal de La Haye et condamné à cinq ans de détention. Tous les efforts entrepris par Louis XIV pour le faire libérer échouent. Il ne retrouvera sa liberté qu’en 1698, après la paix de Ryswich, et contre 65 000 livres versées par les finances du Royaume.

 

Cette dure captivité a ébranlé la santé de Piles ; mais ses heures d’inactivité forcée le ramènent à la peinture. Son goût s’est d’ailleurs affiné et ses connaissances considérablement accrues, suite à ses nombreux voyages à l’étranger. C’est en Hollande qu’il écrit son remarquable Abrégé de la vie des peintres.

 

De retour en France, le 2 mai 1699, il est élu membre de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Il va jouer un rôle important dans la controverse du « dessin et des coloris » qui divise les artistes de l’époque.

Avec l’appui de Mansard, (1er architecte du Royaume à qui l’on doit Versailles, le dôme des Invalides, le Grand Trianon etc.), il défend les coloristes et invente l’expression « clair obscur » qualifiant l’imitation de l’effet que produit la lumière en éclairant les surfaces qu’elle frappe, et laissant dans l’ombre celles qu’elle n’atteint pas.

 

En mettant en pratique ses théories, Roger de Piles est surtout un peintre coloriste. Malheureusement, il ne nous reste à peu près rien aujourd’hui de son œuvre picturale entièrement dispersée après sa mort.

 

Il excelle dans le portrait, reproduisant les traits de ses amis : Boileau, Ménage, Madame Dacier et bien d’autres.

 

Grand admirateur de Rubens, de Piles estime que ce génial artiste réunit à lui seul les qualités que les peintres n’ont que séparément. Il publie de nombreux ouvrages : Le dialogue des coloris (1673), les Conversations sur la connaissance de la peinture(1677), la Vie de Rubens(1681), les Premiers éléments de peinture pratique(1684), et l’Abrégé de la vie des peintres (1699).                                                     

 

Reçu à l’Académie royale de peinture en tant que conseiller, il voit le triomphe de ses idées concrétisées par l’entrée des peintres qu’il soutient à cette même académie.

 

Artiste éclairé, esprit cultivé, c’est le parfait « honnête homme » qui selon la définition  du XVIIème siècle « a des clartés de tout ».

 

Il meurt le 5 avril 1709, rue de Grenelle à Paris. Ses obsèques ont lieu en l’église Saint Sulpice où il est inhumé.


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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