Roger de Piles
(1635-1709)
Peintre - Graveur – Ecrivain –
Critique d’Art – Diplomate
Le 7 octobre 1636, rue
Basse (aujourd’hui rue Thiers), près de la porte du Beuvron, naît Roger de
Piles, avant dernier d’une fratrie de onze enfants. La famille de Pile est une
vieille famille clamecycoise, possédant d’importants
domaines fonciers dans le Nivernais, et qui compta au 16ème siècle
plusieurs chantres curés de la collégiale Saint Martin.
Son père, Adrien de Piles
occupe la fonction de Contrôleur du Grenier à Sel ; ami du duc de
Bellegarde, ancien compagnon d’Henri IV. Il demande à
ce dernier d’être le parrain du nouveau né, qui est baptisé le 20 octobre en la
collégiale Saint Martin :
« Ce jourd’hui
vingtième du mois d’octobre au que desous
Après avoir commencé ses
études au collège de Clamecy, le jeune Roger les complète successivement à
Nevers, puis Auxerre et enfin Paris. Elève doué et brillant, il étudie la
philosophie et la théologie, et s’adonne à la peinture auprès de Frère Luc, religieux
récollet, qu’il surpassera bientôt.
En 1662, à l’âge de vingt
sept ans, il est choisi par Charles Amelot, maître
des Requêtes, comme précepteur de son fils, qui deviendra un diplomate de
renom : marquis de Gournay.
Celui-ci, nommé
ambassadeur, choisit comme secrétaire Roger de Piles et l’emmène dans ses
différents postes, en Italie (1682), au Portugal (1685) et en Suède (1689).
De Piles s’adapte si bien
à sa nouvelle fonction que le ministre Louvois lui confie en 1693, une mission
secrète en Hollande, ayant pour but de mettre fin aux conflits armés existant
entre
Cette dure captivité a
ébranlé la santé de Piles ; mais ses heures d’inactivité forcée le
ramènent à la peinture. Son goût s’est d’ailleurs affiné et ses connaissances
considérablement accrues, suite à ses nombreux voyages à l’étranger. C’est en
Hollande qu’il écrit son remarquable Abrégé
de la vie des peintres.
De retour en France, le 2
mai 1699, il est élu membre de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture.
Il va jouer un rôle important dans la controverse du « dessin et des
coloris » qui divise les artistes de l’époque.
Avec l’appui de Mansard, (1er architecte du Royaume à qui l’on
doit Versailles, le dôme des Invalides, le Grand Trianon etc.), il défend les
coloristes et invente l’expression « clair obscur » qualifiant
l’imitation de l’effet que produit la lumière en éclairant les surfaces qu’elle
frappe, et laissant dans l’ombre celles qu’elle n’atteint pas.
En mettant en pratique
ses théories, Roger de Piles est surtout un peintre coloriste. Malheureusement,
il ne nous reste à peu près rien aujourd’hui de son œuvre picturale entièrement
dispersée après sa mort.
Il excelle dans le
portrait, reproduisant les traits de ses amis : Boileau, Ménage, Madame
Dacier et bien d’autres.
Grand admirateur de
Rubens, de Piles estime que ce génial artiste réunit à lui seul les qualités
que les peintres n’ont que séparément. Il publie de nombreux ouvrages : Le dialogue des coloris (1673), les Conversations sur la connaissance de la peinture(1677),
Reçu à l’Académie royale
de peinture en tant que conseiller, il voit le triomphe de ses idées
concrétisées par l’entrée des peintres qu’il soutient à cette même académie.
Artiste éclairé, esprit
cultivé, c’est le parfait « honnête homme » qui selon la
définition du XVIIème
siècle « a des clartés de tout ».
Il meurt le 5 avril 1709,
rue de Grenelle à Paris. Ses obsèques ont lieu en l’église Saint Sulpice où il
est inhumé.