Polémique autour
de la personne de Jean Rouvet
JeanRouvet,
bourgeois de Paris en 1549.
André – Marie – Jean –
(Notice pour servir à la biographie de ces deux personnalités)
On aurait pu croire que l’industrie du flottage n’était bonne qu’à une espèce de commerce, celle du bois. Monsieur André-Marie Dupin a prouvé qu’elle n’était pas inutile à un autre commerce, celui de la popularité locale. Voilà comment il a osé transformer en flotteur émérite, un usurier de Paris du temps de Henri II (1549), qu’il a déclaré inventeur des flottages à bûches perdues et en trains.
En fait le premier industriel qui a fait venir en train, des
bois de
« Aujourd’hui est
venu au bureau de la ville, maistre Charles Leconte, maistre des œuvres de charpenteries de l’hostel de ceste ville de Paris, lequel nous a dict et remonstré avoir fait
charroyer d’une vente de boys par luy( ?) de madame la duchesse de Nevers, es boys des Garannes près Château-sans souef, pays du Nivernais : grande quantité de bois de
chauffage, dont à présent, il en faut administrer du port du dit Château-sans-souef, sur la rivière d’yonne,
tant par la dite petite rivière d’Yonne, la grande rivière d’Yonne et rivière
de Seyne à flotte, liez et garottez la quantité de troys quarterons de mosle au
compte du boys, et arrivez ce jour d’hier en cette ville de Paris au port des
Célestins, pour l’expérimentation et première fois qu’il ait admené bois de chauffage en flotte du pays d’amont ;
et afin d’en faire admené cy-après
en la dicte sorte à ses dangers, des pénes, périls et
fortune.
Ainsi sont venus au
dit bureau, Pierre Courot, Philibert Guenot, Jehan Bonnet et Potencian
Gueriet, compagnons de rivières demeurant au dict lieu de Château-sans- souef, lesquels ont dit et affirmé avoir admené à flotte pour le dict
Leconte, le dict bois à ses frais, dangers, périls et
fortune, dont le dict Leconte comme premier
expérimentateur dudit flottage, nous a requis lectres.
Ces présentes à luy octroyées, esquelles,
etc…..21 avril 1547. »
Pièce provenant des archives de l’ancien duché de Nevers, recueillie avec soin par les agents de Madame la duchesse de Nevers en 1547, pour établir devant la postérité que les premiers bois flottés à bûches perdues et en train pour l’approvisionnement de Paris, provenaient de son duché du Nivernais dont ils prévoyaient l’avenir.
Après Charles Leconte, il faut placer Gilles Deffraissez qui s’y ruina et fut forcé par la suite de vendre ses terres de Ravaux et de Pry (Nièvre) pour se libérer envers Jean Rouvet, son banquier.
Or, Monsieur André – Marie Dupin (Dupin l’aîné et l’ancien) a été comme on sait le promoteur d’une souscription dont le résultat fut d’élever le 26 octobre 1828, une colonne sur le pont de Clamecy (Nièvre) portant le buste de Jean Rouvet comme l’inventeur du flottage à bûches perdues et en train, pour avoir amené le premier un train de bois à Paris en 1547. Les frais ont été de 6722 francs 65 centimes, couverts par une souscription à laquelle Dupin aîné a contribué pour100 francs seulement.
Dans cette « ovation burlesque », M. Dupin était flanqué du receveur particulier Sanglé de Ferrières, de Pierre Gabriel Pellault, ancien avoué des syndics et des agents de commerce, et de presque tous les gros dos. On donne cette qualification à Clamecy aux « importants » du pays et aux disciples d’Epicure clamecycois et des environs, qui n’ont été nullement effrayés de se prêter publiquement à une apothéose reconnue aujourd’hui imméritée par un acte authentique.
Sans être historien, il y a peu de personnes en France qui
ne sachent de nos jours que le flottage du bois, science de première nécessité,
est presque aussi ancienne que le boire et le manger. Charles Leconte, le
premier qui ait commencé à utiliser les bois du Nivernais, bien qu’il l’ait
fait dans son intérêt plutôt que dans celui des propriétaires du Nivernais,
n’en a pas moins droit à un hommage national, et nous désirons plus que
personne que, par un monument, on honore une industrie qui a été favorable à
Monsieur Dupin continue de faire la sourde oreille sur un
fait qu’il connaît mieux que nous ; et il ne cherche pas à s’excuser de la
mystification auprès des habitants de Clamecy. Le grand croix de
Nous nous faisons un devoir, en fidèle historien, de ne pas terminer notre notice sans dire qu’à l’inauguration du buste de Jean Rouvet, l’affluence était grande. […] C’était à qui pourrait le (Dupin) voir, l’embrasser et le complimenter. Et comme Clamecy, sa patrie, ne renferme pas, ainsi qu’on pourrait le croire, que des bûcherons et des flotteurs ; parmi les avocats, avoués, pharmaciens, épiciers et artisans même, il y a des poètes du plus grand talent, qui, à l’inauguration du buste de Jean Rouvet, se sont empressés de chanter en plein vent sur le pont de Clamecy, et le soir, plus fort encore au banquet, les vertus et les hauts faits du « grand flotteur de l’Yonne », et surtout de son avocat, le député par excellence de la contrée.
Comme on a commis assez de couplets pour former un volume, nous allons simplement donner ici, dans toute la poésie de son style, avec son orthographe et sa ponctuation, la chanson qui a produit le plus d’effet sur la population des flotteurs, et qui a satisfait au-delà de toute expression, l’esprit, le caractère jovial et le goût du pays des trois Dupin. Du moins, on nous l’a assuré, car nous n’avons pas eu l’honneur d’assister à cette fête dont Monsieur André, Marie, Jean, Jacques Dupin était le plus bel ornement, car elle lui devait tout de même son héros imaginaire.
Le Bûcheron de
(Juillet 1846 – Extrait du « Moniteur des Eaux et Forêts
et journal de l’Approvisionnement de Paris Réunis »)