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Le faubourg de Bethléem et ses ponts

 

 

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’ancienne agglomération de Pantenor, devenue Faubourg de Bethléem au 12e siècle, comprenait l’Evêché-hôpital, distant de 130 toises (260 mètres) de la Porte du Pont Châtelain. Elle était de plus séparée de la ville fortifiée par la rivière Yonne que l’on traversait par un pont en bois bâti sur pilotis. Malgré son importance, ce faubourg n’était protégé par aucun ouvrage de défense permanent. On se bornait à barrer les voies d’accès par des chevaux de frise consistant en de grosses poutres mobiles ; deux d’entre elles étaient placées du côté nord : une en haut du chemin de Sembert (appelé également « Cemboeuf » ou parfois « Mont Semis ») et une autre sur le chemin du pré de Bethléem (actuellement route nationale 77 de Nevers à Sedan). Du côté sud, la troisième était placée à une trentaine de toises (60 mètres) sur le chemin de la Maladrerie, aujourd’hui route d’Armes.

 

Le « Grand pont sur l’Yonne », bâti en bois, fut remplacé au 15e siècle par un pont de pierre que les crues de la rivière endommagèrent fréquemment. Diverses réparations eurent lieu en 1720 et 1740, et il fut partiellement reconstruit en 1764. Au cours des siècles, il fut nommé pont de l’Évêché, pont des « Sans-culottes » en 1793, puis pont du Roi de Rome de 1811 à 1815. De nouveau en très mauvais état sous le Premier Empire, il aurait sans doute été réparé sans les désastreuses conséquences financières (entre autres) de la campagne de Russie en 1812. Enfin, en 1815, débute la construction (qui durera 13 ans) d’un nouveau pont en dos d’âne dont l’emplacement se trouvait dans le prolongement de la Grande Rue de Bethléem (actuelle rue Marié Davy), pour aboutir en face de la chapelle de Bethléem (devenue plus tard Hôtel de la Boule d’Or).

 

Le 26 octobre 1828 eut lieu la cérémonie d’inauguration du buste de Jean Rouvet, au milieu du côté amont du pont qui vient d’être achevé. Y assistaient : Charles-André Dupin (le père des « Trois Dupin ») alors sous-préfet de Clamecy, et André, son premier fils (dit Dupin-aîné), nouveau député de la Nièvre, qui s’illustra comme membre de l’Académie Française et de l’Académie des Sciences Morales et Politiques.

 

Après la crue mémorable du 4 mai 1836 est entreprise la construction du Grand Pont sur l’Yonne à l’emplacement que nous connaissons . Le 7 octobre 1838, réinstallation du buste de Jean Rouvet sur le pont nouvellement construit. Le buste en bronze est l’œuvre du célèbre sculpteur David d’Angers, classée depuis le 20 avril 1913. L’histoire locale rapporte que ce personnage en bronze n’est autre que Bonaparte, premier consul. La souscription publique n’avait rapporté que 6722,65 Francs. David d’Angers avertit André Dupin qu’il ne fallait pas espérer élever une statue, ni même un simple buste pour une somme aussi modique. Dupin insistant, l’artiste, du fond de son atelier, rapporte un buste « raté » de Bonaparte, offrant d’adapter au soi-disant Jean Rouvet un collet à la mode du 16e siècle. L’affaire est conclue. C’est ainsi que le pont de Bethléem fut orné du  buste de « l’inventeur du flottage » et pris le nom de Jean Rouvet. Ce pont devait devenir le lieu de rassemblement des flotteurs en attente du flot qui, adossés au parapet, devisaient entre eux en « culottant » leur « brûle gueule », cette petite pipe en terre qui ne les quittaient pas.

 

Le buste de Jean Rouvet est déposé en 1945 pour être remplacé par une statue allégorique du « Flotteur », œuvre du sculpteur Robert Pouyaud.

 

Le buste de Jean Rouvet prend place sur une stèle érigée à l’extrémité du môle séparant l’écluse des Jeux et la rivière Yonne ; et cela en 1949 à l’occasion de la fête du 4e centenaire du Flottage à bûches perdues. La cérémonie était présidée par M. François Mitterrand, alors ministre de l’Information.


© 2005 par Annie Delaitre-Rélu
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