Les sociétés de
Saint Nicolas
Si en Lorraine et dans le Nord-Est de la France, Saint
Nicolas est encore le Saint Patron porteur de cadeaux pour les enfants, dans le
bassin de l’Yonne et de ses affluents, il patronnait les flotteurs, les
mariniers et les ouvriers des ports.
La Confrérie religieuse et de bienfaisance de Saint
Nicolas existait à Clamecy de temps immémorial, les premières archives connues
remontant à 1738, et groupait la corporation des flotteurs.
En 1862, les membres de cette confrérie fondent entre eux
une Société de Secours Mutuel, dont le but est de rembourser aux travailleurs
malades ou accidentés les frais médicaux et pharmaceutiques, et leur verser une
aide couvrant une partie du manque à gagner.
En 1949, les Sociétés de Saint-Nicolas fêtent e quatrième
centenaire de l’invention du flottage par « trains », sous la
présidence de M. Mitterrand, alors ministre de l’information, et construisent
un authentique train de bois qui franchit le pertuis de Clamecy, devant une
foule considérable.
Un mois plus tard, ce train abordait les quais de la
Seine et était reçu en grandes pompes par les « Morvandiaux de
Paris » au cours de réjouissances rappelant celles de 1547, lors de
l’arrivée du premier train parti de « Chatel-Sans-Souaf » (Châtel-Censoir).
Le 8 juillet 1964, les sociétés de Saint-Nicolas
commémorent le centenaire de leur société mutualiste lors d’une fête comparable
à celle de 1949, car Saint-Nicolas représente le passé d’une corporation qui a
fait de Clamecy une ville prospère, en tant que centre le plus important
d’approvisionnements en combustibles de la capitale.
Le flottage des bûches perdues arrivait à Clamecy, les
bois du Morvan et ceux de la vallée du Beuvron et du Sauzay. Un inspecteur des
ports et deux gardes-ports, celui de Saint-Roch et celui de la Forêt,
domiciliés à Clamecy, contrôlaient les arrivages et les transactions. Ils
étaient chargés de la surveillance et de la mise en état par essence et par
qualité des bois. Chaque livraison était obligatoirement accompagnée d’un
certificat d’enlèvement signé par un garde port assermenté, mentionnant qualité
et quantités exactes des bois à facturer.
Les derniers trains de bois quittèrent Clamecy en 1876 et
sont remplacés par les bateaux « Flûtes de Bourgogne » qui amenaient
à Paris un plus gros tonnage et à moindre frais.
Le dernier flot à bûches perdues arriva à Clamecy en
1929.
En commémorant en 1962 le centenaire de leur Société
Mutualiste, les sociétés de Saint-Nicolas font revivre un coin du passé, en
sortant du Musée les anciens « bâtons » et bannières des corporations
des artisans d’autrefois. Sous la vigilante direction de M. Jean Avarre,
conservateur du Musée, vont défiler les précieuses « reliques »
entourées d’authentiques artisans en tenue de travail.
Précédés par la bannière de Saint-Martin, patron de
Clamecy, venaient les « bâtons » de « l’Ascension » avec
les couvreurs, « Sainte Anne » avec les menuisiers, « Saint-Fiacre » avec les jardiniers-horticulteurs,
« Saint-Crépin » avec les cordonniers, « Saint-Savinien »
avec les tanneurs, « Saint-Honoré » avec les boulangers-pâtissiers,
« Saint-Eloi » avec les orfèvres et les maréchaux-ferrants,
« Saint-Vincent » avec les vignerons de Clamecy et de Tannay,
« Sainte Cécile » avec la bannière de la Société Philharmonique, et,
fermant la marche, les bâtons et bannières de Saint Nicolas d’Armes et de
Clamecy entourés des derniers flotteurs et mariniers.