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Landresse
au pays de la
Guerre des boutons
(et de Louis Pergaud)
 
 
 

Tous les ans, "lorsque l'été vient de finir et l'automne naît", je me replonge dans la lecture de la Guerre des Boutons, "roman [des] douze ans" de son auteur, Louis Pergaud. En avril 2012, à l'occasion d'un voyage entre Suisse et Alsace, j'ai eu la possibilité de faire une courte halte à Landresse, Doubs, sur les lieux-mêmes du roman. —Frédéric

 
 
 

L'Église
 
 
 
" Quand ils se furent casés, chacun à son poste respectif, c’està- dire aux places que les convenances, la vigueur personnelle, la solidité du poing leur avaient fait s’attribuer peu à peu après des débats plus ou moins longs (les meilleures étant réputées les plus proches des bancs des petites filles), ils tirèrent de leurs poches qui un chapelet, qui un livre de messe, voire une image pieuse pour avoir « l’air plus convenable ». ". - Livre I, Chapitre 6, "Plan de campagne" :
 
 
 
" Le lendemain, les bonnes femmes, la vieille du Potte, la Grande Phémie, la Griotte et les autres qui venaient comme d’habitude à la messe de sept heures, se signèrent en arrivant sur la place de l’église, scandalisées d’une pareille profanation :

– On avait mis une culotte à saint Joseph !"


- Livre II, Chapitre 6, "Cruelle énigme" :
 
 
" Le dimanche suivant, le curé, convaincu que cela venait de quelque sinistre association secrète, tonna du haut de la chaire contre les impies et les sectaires qui, non contents de persécuter les gens de bien, poussaient plus loin encore le sacrilège en essayant de ridiculiser les saints jusque dans leur propre maison.

Les gens de Longeverne étaient aussi étonnés que leur curé et nul au pays ne se douta que saint Joseph avait été culotté avec le pantalon de l’Aztec des Gués, conquis en combat loyal par l’armée de Longeverne sur les peigne-culs de Velrans. ".
- Livre II, Chapitre 6, "Cruelle énigme" :
 
 

Le lavoir
 
" Quand « le second » eut sonné au clocher du village, une demi-heure avant le dernier coup de cloche annonçant la messe du dimanche, le grand Lebrac, vêtu de sa veste de drap taillée dans la vieille anglaise de son grand-père, culotté d’un pantalon de droguet neuf, chaussé de brodequins ternis par une épaisse couche de graisse et coiffé d’une casquette à poil, le grand Lebrac, dis-je, vint s’appuyer contre le mur du lavoir communal et attendit ses troupes pour les mettre au courant de la situation et les informer du plein succès de l’entreprise. ". - Livre I, Chapitre 2, "Tension diplomatique" :
 
 

Le champ de bataille
 
 
Le gros tilleul—"Par la grande rue du village d’abord, puis par le traje des Cheminées rejoignant au gros Tilleul la route de Velrans, ce fut un instant une sabotée sonore dans la nuit. Les cinq gars marchaient à toute allure à l’ennemi". - Livre I, Chapitre 1 "La déclaration de Guerre" :
 
 
 
" Lebrac avec le gros de la troupe gagna le bois du Teuré et, sitôt qu’on y fut, ordonna à ses hommes d’arracher des grands arbres les plus longues chaînes de véllie ou véliere (clématite) qu’ils pourraient trouver. ".— Livre I, Chapitre 8, "Justes représailles" :
 
" La carrière à Pepiot—Des carrières à ciel ouvert exploitées par Pepiot le bancal, Laugu du Moulin, qui s’intitulent enterpreneurs après boire, et quelquefois par Abel le Rat, bordent le chemin vers le bas. ".— Livre I, Chapitre 2, "Tension diplomatique" :
 
 
" Le Gros Buisson—Un chemin ferré venant du village de Longeverne gravit lentement en semi-diagonale le rectangle, puis, à cinquante mètres de la lisière du bois de Velrans, fait un contour aigu pour permettre aux voitures chargées d’atteindre sans trop de peine le sommet du « crêtot ».

Un grand massif avec des chênes, des épines, des prunelliers, des noisetiers, des coudriers, emplit la boucle du contour : on l’appelle le Gros Buisson. ".
— Livre I, Chapitre 2, "Tension diplomatique" :
 
 
 
 
"Et, ayant fait rassembler le butin, après s’être livré mentalement à des opérations mathématiques compliquées et avoir avec soin auné de ses bras étendus les liens dont on disposait, il décida le départ pour le carrefour de la Croix du Jubilé en passant entre les haies de la vie à Donzé." — Livre I, Chapitre 8, "Justes représailles" :
 
 
 
 

Chasalans
 
Présenté par la municipalité de Landresse comme : "le fameux terrain des batailles à découvert et des empoignades homériques".
 
 
Les pâtures de [Chazalan] en mai 2013
 
"– Dis donc, Lebrac, proposa Tintin, il y a ses pommes au vieux, si on allait un peu lui caresser ses arbres à coups « d’avarchots », pendant qu’il nous cherche à Chasalans ! hein ! qu’en dis-tu ?" — Livre I, Chapitre 8, "Justes représailles" :

Chez Fricot
 
Le père Bédouin n'ira plus prendre sa petite "purée" chez Fricot. L'établissement a été détruit par un incendie dans la nuit du 27 novembre 2008 suite à un feu de cheminée, un sinistre qui n'a fait heureusement aucune victime. Google Streetview a conservé la trace - pour quelque temps encore - du bâtiment :
 
 
 
En avril 2012, le poteau indicateur face à la mairie indique encore l'auberge chez Fricot,
 
 
...mais l'établissement, reconstruit, repris par Audrey et Cédric, deux restaurateurs venus de Besançon, a rouvert le 17 février 2011 sous une enseigne tout aussi "Pergalienne".
 
 

Landresse d'hier et d'aujourd'hui
 
 
 
 
 
La municipalité de Landresse présente certaines maisons du village comme étant celles de Lebrac, de Gambette ou des deux Gibus. Peut-être... On trouve surtout à Landresse certaines fermes à "levée de grange", typiques du Haut-Doubs.
 
 
" Tous les mois le pattier s’amène sur la levée de grange de Fricot et les femmes lui portent leurs vieux chiffons et leurs peaux de lapins ; moi je lui donne des os et de la ferraille, les Gibus aussi, pas vrai, Grangibus ?"
— Livre II, Chapitre 2, "Faulte d'argent, c'est dolor non pareille".
 
La nouvelle école, qui a remplacé celle située au rez-de-chaussée de la mairie. Mais pourquoi avoir choisi P'ti Gibus, personnage accessoire du roman (amateur d'huile de sardine et qui ne prononce pas dans le livre le fameux "Ben mon vieux, si j'aurais su j'aurais po v'nu" immortalisé par le film de Yves Robert, à ce jour une des moins mauvaises adaptation de l'œuvre de Pergaud). Le groupe scolaire "Lebrac" aurait été plus approprié :
 
 
Pour les 100 ans de la publication de La Guerre des boutons, un panneau indicateur "Longeverne" a été placé à l'entrée du village, doublant le panneau officiel "Landresse" :
 
 
Et un monument a été érigé en face de la mairie-école (état mai 2013) :
 
 
Carte de Landresse en 1860 :
 
Panneau touristique indiquant les emplacements (supposés) des lieux évoqués dans le roman et les habitations de quelques protagonistes (Lebrac, Gambette de sur la côte, etc.) :
 
La Murie
 
A propos de "la Murie", objet de la haine séculaire entre Longeverne et Velrans : "La murie est le nom donné en Franche-Comté à une maladie pulmonaire chronique attestée dans les années 1760 et plus largement, forme de pleurésie ou péripneumonie maligne (cf. Louis Vivien, Cours complet d’agriculture (...), tome 10, Paris, 1836). Les bœufs participent au transport du bois à Salins, et sont surtout susceptibles de contaminer les autres animaux de traits utilisés pour le transport du bois et du sel." .
Et aussi :
 
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Created October 28th, 2012.
Revised October 1st, 2022.
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