Un ouvrage à ajouter à la longue cohorte des souterrains abandonnés : le tunnel de tramways sous la Spree dans la banlieue de Berlin qui reliait Stralau au parc de Treptow. Long de 435m encadré par deux trémies d’accès portant la longueur totale de l’ouvrage à plus de 600m, ce tunnel tubulaire composé d’anneaux métalliques, identiques à ceux du « tube » de Londres – était destiné, entre autres, à étudier la possibilité de construire un réseau de métro dans le sous-sol sablonneux de Berlin. A voie unique, son gabarit étroit (3,59m de diamètre) imposa la construction de motrices de tramway spéciales.
Plan et profil en long du tunnel sous la Spree
Construction de la tranchée d’accès au tunnel.
Débutée en 1895 par un consortium auquel participa la firme AEG, future adjudicataire des travaux du métro de Berlin, la construction s’acheva en 1899. Les travaux furent menés sous air comprimé et un bouclier métallique identique à celui employé sur le métro de Londres – une première en Allemagne – fut mis en oeuvre avec succès.
Accès côté Treptow
Intérieur du tunnel
Le tunnel fut exploité pendant une trentaine d’années par le Berliner Ostbahn qui y faisait passer les tramways de sa ligne 82 : Gare de Silésie – Parc de Treptow. A voie unique, le système du baton pilote était utilisé pour la protection des convois. Le trafic déclinant, ligne et tunnel furent fermés le 15 février 1932. Le souterrain connut une deuxième vie lorsqu’il fut réouvert comme passage pour piétons en 1936 pour les Jeux Olympiques de Berlin, les épreuves nautiques se déroulant non loin de là sur la Spree. Transformé en abri antiaérien pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le tunnel fut endommagé par l’explosion d’une bombe, qui provoqua une fuite et entraîna son inondation. Jamais remis en service, les trémies d’accès furent comblées en 1968 par l’administration Est-Allemande. En 1996, une association d’étude des sous-sols de Berlin tenta une exploration de la partie sous-fluviale. On s’aperçu alors que le tunnel était complètement inondé et qu’une éventuelle remise en service demanderait des moyens techniques et financiers importants.