Archive pour la catégorie ‘Suisse’
Premier essai de timelapse : lumières et nuages de fin de journée sur le bout du Lac Léman, vu depuis Glion.
<a href= »http://www.fdelaitre.org/video/Dents_du_Midi.flv »>Glion Timelapse</a>
Les aficionados du Swiss Vapeur Parc le savent bien : tous les ans il y a du nouveau au Bouveret. Même si les nouveautés 2013 sont plus discrètes, elles n’échappent pas à l’oeil du visiteur averti.
1- Les aménagements autour de la station « La Prairie » sont terminés. Nouvelle aire de pique-nique à côté de l’abri de la ligne à crémaillère et reconstitution d’un « mazot » valaisan :
2- La grande remise côté gare CFF du Bouveret est achevée :
3- En cours de réalisation : un nouvel évitement à côté du Vieux moulin de la Tine. Une bonne occasion pour observer les techniques mises en oeuvre pour la construction de la voie.
4- Les barrières oscillantes sont en cours de remplacement à côté de la maison du garde-barrière :
5- Une bonne nouvelle. La BDeh 4/4 du BVB, victime du rocambolesque enlèvement de l’année dernière, a été restaurée et repeinte aux couleurs actuelles des TPC (Transports Publics du Chablais). Elle attend au dépôt de la Prairie, fin-prête pour assurer les pointes d’été.
Le site du Swiss Vapeur Parc :
http://www.swissvapeur.ch/
32e Festival International de la Vapeur du 7 au 16 juin 2013.
Départ à 9h44 de la voie 5 à Montreux. Les places « VIP » à l’avant de la voiture sont toujours très recherchées :
La forte rampe en sortie de la gare de Montreux/MOB avant l’entrée dans le tunnel hélicoïdal menant à la halte de Montreux-Collège. A droite, la remise-atelier :
Passage à pleine vitesse devant le château du Chatelard :
Sortie du tunnel de Jor (2424m – le 5e plus long tunnel à voie métrique de Suisse, derrière la Verena, la Furka, la Jungfrau et l’Albula), nous entrons dans le pays d’En-Haut :
Entre Montbovon et Rossinière, la caténaire Ott fait de la résistance :
L’église perchée de Chateau d’Oex :
En pays d’En-Haut, à Chateau d’Oex,
Le MOB se faufile entre les chalets…
Croisement à Rougemont avec une des anciennes gloires du MOB : l’automotrice ABDe8/8 série 4000 :
Arrivée dans la gare rénovée de Gstaad :
où nous quittons le Golden Pass Panoramic qui continue sa route vers Zweisimmen :
La ville de Fribourg en Suisse peut s’enorgueillir de posséder le dernier funiculaire européen à contrepoids à eau, plus exactement à eaux usées (d’où le raccourci un peu hasardeux dans le titre de ce post).
Ecologiste avant l’heure, Fribourg utilise ses eaux grasses pour faire fonctionner son funiculaire reliant depuis 1899 la Neuveville à Saint-Pierre. A la station supérieure, un réservoir placé sous la voiture est rempli avec le contenu des égoûts de la ville haute. La voiture ainsi alourdie descend la pente entraînant la voiture inférieure, plus légère. Arrivée à la station inférieure, le réservoir est vidé dans les égouts de la ville basse et le cycle recommence. Toutes ces opérations de remplissage/vidange génèrent évidemment quelques odeurs… plus ou moins supportables selon la saison ou la sensibilité olfactive des voyageurs.
En bas à droite de la voiture, l’orifice de remplissage du réservoir.
Le funiculaire a été inauguré en 1899, Paul-Alcide Blancpain – fondateur de la Brasserie du Cardinal située dans la ville basse – en étant le promoteur, la conception technique étant confiée aux ingénieurs Strub et Lommel. De 1901 à 1965, la gestion de l’installation est assurée par la Brasserie Cardinal, avant d’être reprise par la municipalité, puis transférée en 1970 aux Transports Publics Fribougeois (TPF). En 1996, une rupture d’essieu entraine l’arrêt de l’exploitation; reprise en 1998 après rénovation dans le style d’origine. Le funiculaire, dépourvu de tout moteur électrique, nécessite la présence d’un agent serre-frein dans chaque voiture. Une crémaillère Riggenbach située dans l’axe de la voie assure le freinage.
Poste de conduite
Eclairage par lampe à pétrole dans les voitures (!)
Fiche technique :
Longueur : 121m
Dénivelée : 60m
Rampe : 49,5%-55%
Ecartement : 1200mm
Volume du réservoir : 3000l/voiture
Capacité : 20 voyageurs/voiture.
De passage à Broc-Fabrique pour dévaliser le Nestlé Shop situé non loin de l’usine Cailler. Le locotracteur Te4/4 n°13 des TpF en charge des manoeuvres en gare de Broc-Fabrique était absent (révision ? réforme ?) :
et c’était l’automotrice BDe4/4 n° 142 « La Gruyère » (construction Schindler/Sécheron 1972) qui était ce jour là en tête du train de marchandises de 12.20.
Le wagon-raccord X1006 assure la liaison et le tamponnement avec les wagons voie normale :
montés sur trucks porteurs TpF (1 truck porteur par essieu) :
Les BDe 4/4 141 et 142 sont des habituées des roulements marchandises. A leur sortie d’usine, dépourvues d’aménagement intérieur mais lestées de 12 tonnes de sacs de sable, elles furent affectées à la traction des trains de gravier destiné à la future autoroute A12, entre Grandvillars et Vuarens. Elles ne reçurent leur aménagement voyageurs qu’en 1980.
C’est la fête, Noël après l’heure, le 18 janvier est le jour J pour BEMO qui présente ses nouveautés pour les deux (voire trois années) à venir.Une annonce « teaser » a été placée depuis quelques jours sur la page Facebook de la firme de Uhingen :
Comme d’habitude, beaucoup d’opérations pot de peinture, comme pour la GDe 4/4 n° 6005 ex-GFM du MOB :
ainsi qu’une réédition de la Dze6/6 2002 toujours dans la gamme Metal Collection, et ceci seulement (!) cinq ans après sa première sortie, signe d’un certain succès commercial :
Mais l’événement de ce catalogue sera sans conteste la réédition du crocodile de la Bernina dans la série Metal Collection. Enfin !
Comme toujours avec BEMO, il va falloir être très patient. Mois après mois, les nouveautés les plus attendues seront « in vorbereitung » (en préparation) avant d’atteindre l’état tant attendu de « lieferbar » (disponible) et là il faudra aller vite chez les détaillants ! La voie étroite est à la fois une école de patience et de réactivité.
En cette fin d’année, la presse tous médias confondus se livre à l’exercice de style habituel (ou plutôt le marronnier) : la rétrospective de l’année. On va nous rappeler en images les pires moments de 2011, année terrible s’il en fut, suivis d’un débat entre « experts » pour nous prédire une année-2012-encore-plus-pire.
A mon tour – il n’y a pas de raison – de vous infliger faire partager MA rétrospective 2011. La mienne se revendique égotique, éclectique et légèrement plus optimiste.
1- Un lieu : la Rotonda de l’Hôtel Palace à Madrid.
La Rotonda et sa célèbre verrière sont le centre nerveux du vénérable Palace Hotel de Madrid. A 12h00, dégustez quelques boccadillos sur la banquette au centre en attendant le déjeûner à l’heure espagnole (jamais pu m’y mettre :-() au minimum trois heures plus tard. On y sert également le petit-déjeûner, les churros sont divins et vous permettront d’attaquer le ventre plein les kilomètres de galeries de la Fondation Thyssen ou du Musée du Prado situés pratiquement en face de l’hôtel.
2- Un objet : les tables de Max Steiner.
Cet ébéniste Zürichois fabrique dans son atelier de la Predigergasse des tables en bois fruitier à l’esthétique très « Zen », absolument superbes qui donnent envie immédiatement de s’y installer, d’y poser un Mac Book Air ou un Moleskine, et commencer à créer.
Site Web: www.max-steiner.com
3- Tendance 2011 : le retour à l’analogique.
En parlant de carnet Moleskine, 2011 aura été l’année où j’ai généralisé leur emploi à toutes mes activités : notes de réunions, préparation de compte-rendus, TODO-lists, notes de lecture, mindmaps, projets d’articles, recherche de lieux à visiter pendant les vacances, brouillons de posts pour ce Blog, etc. Chaque activité a son carnet dédié. Toujours sybarite, j’éclaire le tout avec une Anglepoise 1227, la célèbre lampe de bureau anglaise conçue en 1934 par George Carwardine devenue emblême des studios Pixar. Pour l’écriture, après pas mal d’essais, je reste fidèle au Pilot G2 et aux crayons de couleur standard Prismalo de Caran d’Ache (souvenirs du Duty-Free du Flughafen Zürich).
Le véritable problème est bien évidemment la « digitalisation » des informations, car je réserve mes « carnets analogiques » exclusivement à la phase de recherche et de préparation. Vient alors le moment tant redouté de l’écriture elle-même. Ayant souffert pendant des années sous Word de l’angoisse de « l’écran blanc » :-), j’ai trouvé un petit logiciel anti-procrastination simple, gratuit et terriblement efficace : Darkroom.
Darkroom est un éditeur de texte aussi minimaliste que Notepad : caractères verdâtres (ou ambre ou tout autre couleur de votre choix) sur fond noir, on se croirait revenu 30 ans en arrière sur un terminal DEC VT220. En tapant F11, on passe en plein écran : laissant l’auteur en tête à tête avec le texte à travailler. Plus de distractions, d’icones ou de fenêtres ouvertes sur le Web, toujours prétexte à se disperser. A noter qu’en tapant CTRL+ « / », on accède aux statistiques (nombre de signes avec/sans espaces, nombre de mots), bien utile pour calibrer le texte. Moleskine + Darkroom = plus d’excuse pour rater la date de bouclage de Voie Libre !
Sites Web : Moleskine et Darkroom.
4- Un héros de BD : John Twenty.
Inconnu sur ce versant du Jura, John Twenty (et son chien Edouard) est le compagnon de voyage quotidien de dizaines de milliers de pendulaires Suisses. C’est le héros de la série éponyme qui paraît du lundi au vendredi dans l’édition helvétique de 20 minutes. Totalement bilingue français-allemand (il paraît dans les 2 éditions nationales), évoluant avec aisance dans un univers à la Scoobidoo, peuplé de fantômes, monstres et criminels sanguinaires, John Twenty est journaliste à 20 Minutes/Schweiz et est un petit frère d’Adèle Blanc-Sec de Tardi. Comme elle, il a une capacité incroyable à se faire des tas d’ennemis pour des raisons obscures.
Mais John Twenty a un terrible secret : c’est un héros vénal et stipendié. La page de 20 Minutes où s’étale ses aventures est payée par un annonceur, ce qui en fait une des rares Publi-BD de la presse quotidienne. Tout l’art – si l’on peut dire – des auteurs de la série (scénario de Marc Hillefeld, dessins de André Sedlaczek) est de trouver une histoire mettant en valeur les produits proposés chaque semaine par un client différent. Fort heureusement, les autocaristes low-cost – annonceurs réguliers – offrent de nombreuses possibilités de déplacement pour le héros (voir notamment le magistral « Abenteuer in Salou » ou la vertigineuse mise en abyme de « Die Doppelgangerin« ).
Mention spéciale à la série sponsorisée par Garmin en 2009 : John Twenty voyage dans le temps et retourne à l’époque de Guillaume Tell. Il y réécrit à sa façon l’histoire de la Suisse avec son GPS en emmenant l’infâme bailli Gessler (celui du Hohle Gasse à Küssnacht) se perdre dans un marécage putride.
John Twenty, ou le grand retour du feuilleton XIXe siècle 😉 Du lundi au vendredi sur 20 Minutes Suisse : www.20min.ch
5- Un livre : Pyong-Yang de Guy Delisle.
Découvert cet automne Guy Delisle grâce à son nouveau récit en BD Jérusalem, publié en épisodes dans Le Monde. Par curiosité, j’ai acheté son Pyongyang, plus ancien (2004). Graphiste canadien, Guy Delisle y raconte en images son séjour en Corée du Nord, responsable de l’encadrement d’une équipe d’intervallistes nord-coréens (les « petites mains » des films d’animation) réalisant une série pour une chaîne de télévision française. Surréaliste et glaçant, pour mieux comprendre les scènes d’hystérie qui ont marqué les obsèques de Kim Jong-Il ce mois-ci.
6- Un tableau : le Mont-de-Piété par Santiago Rusiñol y Prats (1861-1931).
Découvert lors de l’exposition « El Modernismo » à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne en août 2011 : le Mont de Piété du peintre catalan Rusiñol. Tout laisse penser que la femme en noir, une veuve probablement dans la gêne ou le dénuement, vient gager ses derniers bijoux. Au delà du sujet naturaliste et tristement dans l’air du temps, même si « ma tante » a modernisé ses locaux depuis, cette oeuvre a particulièrement frappé le parisien de naissance et de coeur que je suis par son traitement d’une cour intérieure du vieux Paris. Tout y est : les peintures délavées, les descentes d’eau en zinc, le pavage inégal de la cour, et surtout cette lumière bleue-grise « ciel de Paris » unique.
7- Un modèle réduit (blog ferroviaire oblige…)
Après beaucoup d’hésitation – parmi les finalistes il y avait notamment la très réussie C19 en HOn3 de Blackstone Models – mon modèle de l’année 2011 sera le chasse-neige Bernina Xrotd 9214 dans la série Metal Collection de Bemo en HOm. Le modèle original est préservé au musée du Blonay-Chamby :
8- Une découverte : les bisses du Valais.
Coup de chapeau à tous les bénévoles des associations valaisannes qui entretiennent les bisses, ces aqueducs qui ont amené pendant des siècles l’eau des glaciers jusqu’aux pâturages montagnards. Avec une mention spéciale à l’association de Sauvegarde du Torrent-Neuf pour son parcours-découverte vertigineux à flanc de montagne.
Bisse sur le sentier de la rampe Sud du BLS
entre Hohtenn et Ausserberg (avril 2011)
9- L’histoire rocambolesque de l’année : le vol de la Mallet et de l’automotrice BVB du Swiss Vapeur Parc.
Le 18 novembre 2011, le petit monde des ferroviphiles et modélistes voies-étroitistes apprenait avec stupéfaction le vol de deux locomotives du Swiss Vapeur Parc : la Mallet et l’automotrice BDeh 4/4 du Bex-Villars-Bretaye. Les malfaiteurs avaient profité de la fermeture annuelle du parc pour s’introduire dans les remises-dépôt et emporter ces deux machines – pesant quand même à elle deux près de deux tonnes. Immédiatement, les soupçons des lecteurs helvétiques de 24Heures et de la Tribune de Genève se tournèrent vers la délinquance importée de la France voisine – qui a le dos large en ce domaine – ignorant que nos gentils racaillous hexagonaux préfèrent démolir sur place plutôt que de transpirer dans leur Nike en manutentionnant des charges lourdes.
L’automotrice BVB en circulation au Swiss Vapeur Parc le 13 août 2011
Dénouement en forme de conte de Noël. Le 23 décembre, on apprenait que la police Suisse avait localisé le 12 du même mois les deux machines, la Mallet dans une remise à Bâle, et la BVB dans un hangar près de Lucerne et que les locomotives étaient de retour au Bouveret. Mais dans quel état ! Si la Mallet a été simplement démontée, la BVB a été dépecée sans ménagements, son moteur à essence déposé et ses kidnappeurs avaient commencé à poncer sa carrosserie – peut-être pour la maquiller comme une BMW volée. On ignore encore si la machine est réparable.
La même ramenée le 23 décembre 2011 par les bénévoles au Swiss Vapeur Parc après avoir été
dépecée et poncée par deux arcandiers Lucernois (Photo DR).
La police a interpellé deux citoyens Suisses. A ce jour, on ne sait rien ni sur leur identité, ni sur leurs motivations. Seul indice : on a retrouvé dans le hangar de Lucerne du matériel volé aux CFF. Laissons le mot de la fin à Charles-Henri Coutaz, président du Swiss Vapeur Parc, « ce sont des cinglés ».
Réouverture du Swiss Vapeur Parc le 18 mars 2012.
un contrôleur des CFF 🙂 Tout le tintamarre fait autour du changement des horaires SNCF le 11 décembre 2011 a occulté une autre révolution outre-Jura. Depuis ce jour, en Suisse, il n’est plus possible de monter dans un train des CFF et d’acheter son billet auprès du contrôleur – une pratique séculaire qui doit remonter au moins à la ligne des petits pains espagnols. D’après la compagnie ferroviaire helvétique cette possibilité ne se justifie plus : sur le million de personnes transportées journellement, moins de 2000 achetaient leur billet à bord.
Désormais, les voyageurs sont incités à utiliser les possibilités offertes par les services d’achat en ligne : Mobile CFF et e-Ticket Shop. Les contrevenants sont passibles d’une amende de nonante francs suisse, le père Fouettard étant chargé de cette perception…Ayant pendulé entre Zürich et Baden (avec mon billet en poche) pendant toute cette première semaine, j’ai pu constater que les contrôleurs CFF étaient encore indulgents, se contentant d’un « rappel à la loi » et de la perception du supplément de service habituel de 10 CHF pour les achats effectués à bord.
Photo FD – 15.12.2011 7:58 à Zürich Flughafen dans l’InterRegio IR2062 pour Bâle, pelliculage sur voiture VU IV, exceptionnellement au départ sur voie 3 ce jour là. Publicité site CFF (DR).
Pendulaire régulier sur les lignes de la banlieue de Zürich en Suisse, j’avais comme beaucoup remarqué ces étranges inscriptions sur le pignon d’un immeuble en sortie de la gare d’Oerlikon, en direction du Flughafen Zürich. La vitesse, le rideau d’arbres et le mur antibruit ne permettent de lire que les premières lignes qui commencent par : How to work better (Comment travailler mieux).
Suit une liste de conseils :
1 Do one thing at a time.
2 Know the problem
3 Learn to listen
En voyageant dans la salle supérieure des rames à 2 niveaux Re 450 du S-Bahn ZVV, on peut encore apercevoir par-dessus le mur :
4 Learn to ask questions
Après une enquête superficielle et trompeuse, je découvris que l’immeuble en question abritait les départements de psychologie et d’informatique de l’Université de Zürich-Nord. Quoi de plus normal après tout que de dispenser ces judicieux conseils aux étudiants ? De retour du travail par une belle soirée de début d’automne, je descendais du tram n° 10 à Oerlikon-Ost pour lire la suite du message. L’endroit est situé dans une impasse donnant sur la Binzmühlestrasse, juste après être passé sous le pont-rail CFF :
Le reste de la liste s’établit comme suit :
5 Distinguish sense from nonsense
6 Accept change as inevitable
7 Admit mistakes
8 Say it simply
9 Be calm
10 Smile
La liste complète photographiée, le dossier était bouclé et je pouvais m’en retourner l’esprit apaisé. Mais quelque chose ne tournait pas rond. S’il s’agissait d’une admonestation aux étudiants de l’Université, pourquoi l’avoir placé dans un endroit invisible du public (l’entrée de l’Université se situe plus loin dans la Allmannstrasse) ? Pourquoi cette typographie si particulière, comme faite au pochoir ? En outre, cette combinaison architecture+typographie me rappelait certains travaux d’élèves du Bauhaus.
Après une enquête plus approfondie, « How to work better », que je prenais initialement pour une sorte de « Mané, Thécel, Pharès » postmoderne à l’usage exclusif des étudiants et des ingénieurs et cadres usagers de la ZVV (Zürich Verkehrs Verein – la RATP locale) se révèle être une oeuvre d’art, à la fois installation et manifeste de deux artistes zurichois Peter Fischli (né en 1952) et David Weiss (né en 1946). Ce duo utilise dans son travail la photo, le film, la sculpture. Le père de Peter Fischli, Hans (1909-1989), architecte, était un ancien élève du Bauhaus de Dessau, une école qui attachait une grande importance à l’architecture… et à la typographie. Le jeune Peter a d’ailleurs passé une partie de sa jeunesse dans la maison familiale de Melien en Suisse, construite dans le plus pur style « Bauhaus ».
Les dix points du manifeste de Fischli/Weiss semblent être directement extraits d’un self-help book pondu par un gourou américain du management, genre best selling author sur Amazon.com et conférencier à 20000 dollars de la soirée. En réalité, Fischli/Weiss ont pris en photo en 1990 ce texte écrit sur une pancarte placée dans une usine de poterie en.. Thaïlande, sous une forme bilingue anglais/thaï. Cette photo a été placée en ouverture de plusieurs expositions consacrées aux deux artistes à la Tate Gallery à Londres, à la Kunsthalle de Bâle et à la Kunsthaus de Zürich. A une date indéterminée, probablement vers 2007, le manifeste a été reproduit au format 20m x 4m sur le pignon ouest de l’immeuble de l’Université de Zürich-Nord.
Le manifeste de Fischli/Weiss a fait l’objet de nombreuses exégèses. Selon Ryan Gander, le manifeste promeut la supériorité de la pratique artistique sur la production artistique. D’autres ont relevé l’aspect oriental et Zen des 3 dernières propositions (Say it simply, Be calm, Smile). D’autres enfin ont souligné le caractère universel du manifeste, applicable à toutes les activités humaines. Ce dernier point est particulièrement pertinent. En particulier : à la lecture des dernières polémiques lues sur les forums ferroviaires français, beaucoup de ferroviphiles gagneraient à appliquer les points 8, 9 et 10 du manifeste de Fischli/Weiss 🙂
Wir fahr’n, fahr’n, fahr’n auf der Polybahn…
– avec mes excuses à Kraftwerk 🙂
Deux petites vidéos sans prétention (réalisées avec l’APN emprunté à ma fille 😉 – à refaire un jour peut-être avec un camescope HD et un Steadycam) qui tentent de restituer l’ambiance d’un voyage sur le Polybahn de Zürich par une belle soirée d’automne.
Up :
[flv width= »512″ height= »440″]http://www.fdelaitre.org/video/Polybahn_Up.flv[/flv]
Down :
[flv width= »512″ height= »410″]http://www.fdelaitre.org/video/Polybahn_Down.flv[/flv]
Le Polybahn a aussi son charme en hiver. Par une soirée glaciale, n’hésitez pas à vous installer sur la plateforme extérieure, à l’avant, sur la gauche. La montée dans l’obscurité et le silence – à peine troublé par les cloches lointaines de la Predigerkirche, de la Fraumünsterkirche ou du Grossmünster appelant au culte du soir et le zonzonnement du câble dans les poulies du funiculaire – est une expérience magique.