Archive pour la catégorie ‘Train réel’
Nos voisins Britanniques, sous l’égide de Network Rail, ont décidé de fêter en 2025 les 200 ans du chemin de fer « moderne », en créant notamment un site évènementiel « Railway 200 » :

Plusieurs commémorations sont prévues d’ici la date anniversaire fixée au 27 septembre 2025, incluant notamment l’habituel call for action, ici en version française (à noter : le site est traduit en plusieurs langues européennes, pour une fois…) :
[Citation]
« Chemin de fer 200 est une occasion unique de marquer l’histoire et de faire partie de quelque chose de spécial.
Il existe de nombreuses façons de vous impliquer, que vous soyez une autorité locale, une école, une entreprise, un groupe communautaire ou que vous souhaitiez vous impliquer vous-même.
- organiser vos propres activités et événements en soutien à Chemin de fer 200
- suivant Chemin de fer 200 sur les réseaux sociaux et partage(r) ses publications
- partager vos propres histoires ou celles de votre organisation dans le cadre de Chemin de fer 200
- en appliquant le Chemin de fer 200 logo sur l’intranet, l’extranet et d’autres supports de votre organisation
- faire passer le message dans votre communauté locale
- collaborer avec les musées locaux pour voir s’ils peuvent organiser une exposition en 2025
- organiser un local Chemin de fer 200-exposition d’art inspirée
- et bien d’autres opportunités ! »
[Fin de citation]
Le choix du 27 septembre, jour de l’inauguration en 1825 du chemin de fer Stockton-Darlington, peut sembler un peu arbitraire. Il oublie notamment les premiers succès de Richard Trevithick, notamment à Euston Square dès 1808 :

Quant au principe même du chemin de fer, sans remonter au diolkos grec à travers l’isthme de Corinthe il y a 2600 ans, il avait déjà une certaine histoire en 1825. J’avoue une tendresse particulière pour les « chiens de mine », ces wagonnets utilisés dans les mines du Val d’argent en Alsace dès le 16e siècle :
Du côté du modélisme ferroviaire c’est Hornby qui propose un coffret de trois machines emblématiques des débuts de la traction vapeur : la « Rocket » de Stephenson, victorieuse au concours de Rainhill en 1829, la « Locomotion n°1 » de George et Robert Stephenson construite pour la ligne Stockton-Darlington en 1825 et la « Lion« , une 0-4-2 (021) de 1838, construite sous brevet Stephenson (359 GBP les 3 chez Rails of Sheffield).
Nous n’échapperons pas non plus aux opérations « pot de peinture » habituelles, avec notamment :
Grande opération sur le réseau métro urbain RATP : le changement systématique des afficheurs annonçant le temps d’attente pour le(s) prochain(s) trains; un changement qui semble concerner toutes les lignes.
Avant : (station Trocadéro, 9, le 14 mars 2024)

Après : (station Rue de la Pompe, 9)

Le nouveau modèle est beaucoup plus lisible, surtout de loin, en bout de quai.
A noter le changement d’appellation : « 1er/2e train » a été remplacé par « 1er/2e métro » (plus compréhensible internationalement ?).
Autre avantage : l’écran peut être reconfiguré dynamiquement pour afficher des messages :

Toujours la signalétique : à Pont de Sèvres, 9, on annonce déjà la correspondance avec la ligne 15 :

Il va quand même falloir se montrer patient, la ligne 15 devant être inaugurée fin 2025 (tronçon Pont de Sèvres-Noisy Champs). Quand à la sortie 1 « Ile Seguin », les accès et le bâtiment en surface, côté tours Citylights, ne sont pas encore construits…
Enfin ! Après 8 ans de travaux (et peut-être autant d’études ?) le prolongement du tramway T3b de Porte d’Asnières à Porte Dauphine a été inauguré ce jour, vendredi 5 avril 2024.
Le tramway inaugural transportant les huiles arrive sous bonne escorte policière devant l’Université porte Dauphine :

Discours inaugural, et séance d’auto-congratulation des politicos (« il a été réalisé dans les temps et dans le budget » – à vérifier). De gauche à droite : X… représentante de l’Union Européenne (faut bien que les fonctionnaires de Bruxelles s’occupent), Geoffroy Boulard – maire du 17e arrondissement, Valérie Pécresse – présidente de la région Île de France, Anne Hidalgo, maire de Paris, Jean Castaix – ancien Premier Ministre et président de la RATP, Jérémy Redler – maire du 16e arrondissement, Patrick Vergriete – sous-ministre des transports (et des grèves), X. représentante du préfet de Paris (mais où vont-ils chercher leurs chapeaux dans la préfectorale ?), Y. la chauffeuse de salle.

A mon tour en fin d’après-midi de faire mon inauguration personnelle du tronçon Porte Maillot (une porte qui est très gâtée : après le T3b, elle accueillera le 7 mai 2024 le prolongement d’EOLE depuis St Lazare) jusqu’à Porte Dauphine.
Boulevard Gouvion Saint-Cyr – à gauche le Palais des Congrès, à droite la gare du RER C :

Porte Dauphine – à droite la gare Avenue Foch du RER C :

Le terminus Porte Dauphine, à droite devant l’université le bus PC assurant la correspondance en direction du Pont du Garigliano :

Scoop : au cours de leur discours, V. Pécresse et J. Castaix ont déclaré vouloir prolonger le T3b de Porte Dauphine à Pont du Garigliano et ainsi « boucler la boucle ». Rendez-vous donc en 2032, avec – qui sait, soyons optimistes – dans un premier temps le prolongement Dauphine-porte de la Muette…
Voir aussi sur ce Blog : le prolongement du T3b à Porte Dauphine (septembre 2023).
De passage à Broc-Fabrique (FR) en décembre : les travaux de mise à voie normale du tronçon Bulle-Broc sont achevés. Rebaptisée pour l’occasion « Broc-Chocolaterie », la gare – devenue « style RER » sans âme – accueille désormais sur deux voies à quai les automotrices RBDe 560 en provenance de Berne ou Düdingen (pas de train direct le dimanche, changement à Fribourg obligatoire).


Les derniers vestiges de la voie métrique à l’entrée de l’usine Cailler (combien de camions pour assurer la desserte de l’usine désormais ?) :

L’avenir semble bien sombre cependant pour Broc. Nestlé a l’intention de vendre le site de Cailler à des « investisseurs amateurs de chocolat » (sic) qui se font fort de créer un « parc du chocolat »…
A la Porte Dauphine, on se hâte lentement aussi. La mise en service du prolongement de la ligne de tramway T3 de porte d’Asnières à la porte Dauphine semble cependant toujours annoncée pour « fin 2023 », sans plus de précisions.
Le terminus Porte Dauphine devant l’université est en voie d’achèvement :

Après 10 ans de parlottes et 4 ans de travaux (pour 3,2km – à titre de comparaison, les 14 premières lignes du métro urbain à Paris ont été construites en 30 ans pour une distance de 120km, dont la majeure partie en souterrain), le rail Broca (à gorge) a enfin été posé Boulevard Lannes. La LAC (ligne aérienne de contact) aurait été mise sous tension le 4 septembre. Pas testé en posant la main dessus, 750V courant continu, quand même.

Bienfait collatéral, la gare RER C de l’avenue Foch – reconstruite pour l’exposition de 1900 par Juste Lisch (1828-1901), et célèbre dans le monde ferroviaire pour sa « voie des souverains » qui accueillait jadis les trains spéciaux des grands de ce monde en visite – a été restaurée. Notez la mention « Chemin de fer de l’état », qui racheta la compagnie de l’Ouest en 1909 suite à sa déconfiture.


1938 : arrivée du roi Georges VI à la gare des souverains (avenue Foch) – actualités British Pathé.

Tapis rouge, mais pas encore d’escalier mécanique pour sortir de la station. (Installé cinquante ans plus tard en 1988 lors de l’intégration de la gare au RER C).
Autre point positif, la fin des travaux de voirie à Porte Dauphine qui ont rendu la circulation infernale (comme à la Porte Maillot, qui a connu simultanément l’extension du T3b ET la construction de la station de métro pour EOLE), avec un chantier particulièrement mal organisé. Le sens de circulation à Porte Dauphine (anti-horaire puis horaire) ayant été changé plusieurs fois (!) Les plots en béton délimitant le labyrinthe des voies de circulation sont stockés avenue Foch. En arrière plan la « libellule » Guimard de la station Porte Dauphine, ligne 2.

Rendez-vous dans 40 ans – peut-être – pour le bouclage de la boucle T3 Porte Dauphine-Pont du Garigliano ? Un certain Laurent Probst – directeur général de Île-de-France Mobilités (sic) – nous avertissait en 2018 qu' »Il n’y aura pas suffisamment de voyageurs sur ce tronçon » et promettait à la place « un bus en site propre à haut niveau de service (BHNS) » (re-sic). On ne peut que regretter une fois de plus la disparition de la Petite Ceinture, vue ici boulevard Exelmans en direction du viaduc du Point-du-jour (tronçon démoli en 1959) :

Alors que la station Pont de Sèvres (terminus de la ligne 9) est en pleine rénovation suite à l’arrivée de la ligne 15, le panneau de céramique en bout du quai 1 se dégrade considérablement. A quand des mesures de préservation ?
Oeuvre de 1934 par Henri Rapin (1873-1939), conseiller artistique à la Manufacture nationale de Sèvres, située de l’autre côté du pont.
De passage à Broc-Fabrique (canton de Fribourg, Suisse) où l’on se hâte lentement pour la mise à voie normale de la ligne Bulle-Broc (voir mon post du 6 août 2021 : Bulle-Broc : adieu à la voie métrique)

Cette décision malheureuse des Transports publics fribourgeois (Tpf) a fait deux victimes collatérales. Le Nestlé-shop à proximité de la gare a été obligé de déménager dans les emprises de l’usine Cailler sur 1/10e de sa superficie initiale :

Autre victime : la fin du « Train du Chocolat », qui emmenait du temps de la voie métrique les amateurs de theobroma cacaoya de Montreux à Broc via Montbovon et les rails du MOB et des TpF, sans changement. Remplacé par un autocar hideux et polluant :

Au terminus Balard, 8 j’emprunte cette rame MF77 en livrée publicitaire « Le tour du monde en 80 jours » (série diffusée sur France 2 depuis le 20 décembre avec l’ex-Doctor Who David Tennant dans le rôle de Phileas Fogg). Ce pelliculage fait oublier que lors de son arrivée sur le réseau RATP en 1980, le MF77 avait été baptisé « le métro blanc » (et que sa marraine était Mireille Darc).


Les publicitaires ont bien repris les « codes » du matériel Sprague-Thomson des origines du métro parisien (blason de la Ville de Paris, bandeau « Chemin de fer métropolitain », etc), comme ont peut le vérifier sur cette gravure du célèbre Louis Poyet : motrice Thomson Double série M100 de 1902 :

Le Thames Path (sentier de la Tamise) est un chemin de randonnée long de 296km qui court le long des berges du fleuve depuis sa source à Kemble (Gloucestershire) jusqu’à la barrière de la Tamise en aval de la capitale britannique.
Lors de mes séjours annuels à Londres, j’avais entrepris depuis 2016 de parcourir la section entre Reading et Windsor via Henley et Marlow ; une épopée malheureusement interrompue en 2020 pour cause de COVID. Cette section est particulièrement bien desservie par le rail depuis la gare de Paddington via une série d’embranchements du Great Western Railway. Ces embranchements ont été magnifiquement filmés par Peter Middleton (Video 125) dans son documentaire ferroviaire Thames Branches de la série Driver’s Eye View.
Bien que situé seulement à 50km de Londres, le sentier parcourt des paysages miraculeusement épargnés par la pression immobilière, loin de la circulation automobile et troublés seulement par le teuf-teuf des narrow boats (péniches) transformées en navires de plaisance, le tout dans des panoramas qui rappellent les tableaux de Constable ou de Gainsborough.
Sur le chemin, quelque part entre Shiplake et Henley-on-Thames, le randonneur-ferroviphile ne manquera pas de découvrir avec surprise la voie d’un train de jardin qui n’est pas sans rappeler celui du Swiss Vapeur Parc au Bouveret (VS) en Suisse et dont il semble avoir aussi adopté l’échelle de réduction (1/4) :
A la sortie de la courbe, nouvelle surprise. Nous nous retrouvons face à une gare bien connue : celle de Saint-Moritz des chemins de fer Rhétiques !
Vision étonnante dans le jardin d’une riche propriété de l’Oxfordshire…
L’original – la gare de Saint-Moritz en hiver dans les années 1950 :
A Paris, sous la porte Dauphine, le tunnel routier Henri Gaillard est en cours de comblement.

Inauguré le 18 juin 1931, ce tunnel – qui porte le nom d’un conseiller municipal du 16e arrondissement – reliait le boulevard de l’Amiral Bruix au nord et le boulevard Lannes au sud en passant sous le rond-point de la place du Maréchal de Lattre de Tassigny (porte Dauphine).

Déjà en 2013, la Mairie de Paris avait accordé un permis de construire à Spie Autocité pour convertir le souterrain en parking pour 30 autocars, permis de construire annulé par la justice peu après. C’est le prolongement de la ligne de tram T3 à Porte Dauphine qui signera la fin du tunnel: en raison du poids des rames de tramways en surface et l’aménagement du terminus à l’emplacement de la trémie sud, à l’entrée de l’université Paris Dauphine. Le passage du tramway nécessitera aussi le renforcement de la chaussée au-dessus des tunnels du RER C, qui passent sous la partie est de la place.
Si le percement d’un tunnel est chose complexe, son comblement nécessite aussi des opérations importantes (à commencer par un désamiantage de la voirie).

Avec l’arrivée du tramway, c’est une nouvelle page ferroviaire qui s’ouvre pour la Porte Dauphine, déjà desservie par le chemin de fer de ceinture (de nos jours RER C) et la ligne 2 du métro depuis le 3 novembre 1900.
A quand le prolongement du T3 jusqu’au pont du Garigliano pour, enfin, boucler la boucle ?