Horloge de l’Embassy Suite. Un petit clin d’oeil auto-adressé à l’auteur de ce Blog 😉
Le Sacramento Southern Railroad est un chemin de fer touristique exploité par le Californa RR Museum qui se faufile sur la berge de la rivière Sacramento :
Une reconstitution d’une gare du Central Pacific Railroad :
Malheureusement, la ligne n’était pas en fonctionnement lors de notre séjour. Un peu de matériel roulant était garé :
Etape à Sacramento, la Urbs Indomita. Avec « seulement » 455 000 habitants, la capitale de l’état de Californie fait presque provinciale. Sacramento possède son Capitole, sur le modèle de celui de Washington DC :
Son Tower-Bridge, sur la Sacramento River :
Et son quartier historique préservé :
La maison de l’omniprésent Leland Stanford qui, non content d’avoir été le propriétaire du Southern Pacific RR, le mécène d’Edward Muybridge et le fondateur de l’Université éponyme à Palo Alto, fut aussi gouverneur de l’état de Californie. Sa maison victorienne au 800 « N » Street à Sacramento est un « State Historic Park » :
Avant de s’appeler Sacramento, la ville était connue sous le nom de son fondateur : Fort Sutter. Dans une Californie encore sous domination espagnole, le suisse John Sutter avait construit ce fort, un outpost qui accueillit des vagues d’immigrants, une construction préservée en plein milieu du Sacramento moderne :
Parmi ces immigrants : la célèbre et tragique Donner Party. C’est de Fort Sutter que partirent en plein hiver les expéditions de secours vers la Sierra Nevada où fut bloquée la caravane Donner pendant le terrible hiver de 1846-1847. Parmi les survivants, une petite fille de 8 ans : Patty Reed. La poupée qu’elle avait précieusement enfouie au fond de sa poche est aujourd’hui conservée au musée de Fort Sutter :
Pour les enfants, un livre à lire : Patty Reed’s Doll de Rachel Laurgaard, l’épopée de la Donner Party racontée par la poupée elle-même. Une leçon de courage et de solidarité qui n’est peut être pas inutile à faire découvrir aux enfants du XXIe siècle.
Et pour les adultes, l’excellent site de Daniel M. Rosen, mis en place pour le 150e anniversaire de la Donner Party en 1996 et qui retrace jour par jour le tragique destin de ce convoi d’immigrants venu chercher fortune en Californie : http://www.donnerpartydiary.com/.
En quittant Jamestown pour Sacramento, petite surprise à la hauteur du passage à niveau. La Shay #7 « three-trucks » de la Pickering Lumber Company, qui mériterait quelques petits travaux cosmétiques :
Côté cylindres :
En suivant la route 49 (celle de la ruée vers l’or de 1849) entre Yosemite et Sacramento, visite de « Railtown 1897 », un musée ferroviaire à voie normale situé la ligne Oakdale-Tuolumne City du Sierra Railroad, construite en 1897 pour relier la vallée centrale de Californie aux exploitations minières de la Sierra. Le musée, situé en périphérie de Jamestown, est géré par le California Railroad Museum de Sacramento. Classé en « California State Park », il figure sur la liste des 48 parcs de l’état menacés de fermeture depuis 2008 par le gouverneur Schwarzenegger dans le cadre d’un programme de réduction des dépenses publiques.
La rotonde-atelier est restée « dans son jus » :
Le jour de notre visite, tous les trains étaient assurés en traction diésel, les 3 locomotives à voie normale étant toutes en panne ! Bad day…
Le Sierra Railroad fut surnommé le « Movie Railroad ». Beaucoup de films ont été tournés sur ses lignes, depuis les premiers « serials » dès 1919 comme The Red Glove de Mario Wallkamp jusqu’à Retour vers le futur III , en passant par Go West! des Marx Brothers, High Noon avec Gary Cooper et Grace Kelly et bien sûr la série TV Les Mystères de l’Ouest avec Robert Conrad, où apparaissait la #3 4-6-0 du Sierra Railroad.
Le matériel de la compagnie était plus ou moins maquillé selon les tournages. Ici la cheminée, le fanal et le chasse-boeufs utilisés pour Retour vers le futur III.
Un atelier contemporain de la grande époque de traction vapeur :
Un tour à essieux :
A l’extérieur, une exposition de matériel roulant varié :
Ce wagon plat (la caisse fut rajoutée par la suite) est une relique de l’éphémère Yosemite Short Line Railroad, une ligne à voie de 30 pouces (donc un prototype véritable pour un réseau en On30) qui aurait dû relier Jamestown à l’entrée du parc de Yosemite pour le transport des visiteurs. Les travaux commencés en 1905 s’arrêtèrent en 1906 lors du tremblement de terre de San Francisco qui tarit les sources de financement. Les 8 miles construits ne furent jamais exploités et furent déferrés en 1915.
Une autorail sur base de camion White du Hetch-Hetchy RR , une ligne de 109km qui s’embranchait sur le Sierra Railroad et construite pour la desserte du chantier de construction du barrage de Hetch-Hetchy (« O’Shaughnessy Dam ») dans la Sierra :
Ken, notre guide pour de la visite, en tenue de railroad worker, nous présente une 4-6-0 du Sierra Railroad, en arrière plan un locotracteur Plymouth. Thanks again Ken for the visit:!
Photos (c) 2009 by Frederic Delaitre
Etape à Fish Camp, à l’entrée Sud du Parc National de Yosemite.
Yosemite National Park, à gauche « El Capitan »
Fish Camp est le point de départ du Yosemite Mountain Sugar Pine Railroad (YMSPRR), un chemin de fer touristique à voie de 3 pieds (0,914m) créé en 1961 à l’emplacement du réseau forestier Madera Sugar Pine Lumber Company. Ce réseau fut en exploitation de 1899 à 1931, servant au transport de bois depuis la Sierra National Forest jusqu’à une scierie située à Sugar Pine, CA. A son apogée, la compagnie possédait 140 miles de voie où circulaient sept Shays et plus d’une centaine de log cars.
Le YMSPRR a restauré et fait circuler 2 Shays à 3 bogies, chauffe au fuel, provenant de la West Side Lumber Co. : la #15 (60 tonnes, construction Lima Locomotive Works 1913) et la #10 (83 tonnes, construction Lima Locomotive Works 1928). Cette dernière est la plus grosse Shay à voie étroite encore en fonctionnement.
Le YMSPRR utilise aussi cette petite automotrice « Jenny » sur base automobile Ford modèle « A » :
Les voies de garages du réseau ressemblent à un catalogue Bachmann On30 :
Une pièce unique, un ancien chasse-neige flanger de la West Side Lumber Co. :
Photos(c) 2009 par Frederic Delaitre.
Entre Laws et Yosemite, et avant d’aborder la Tioga Pass à 3031m d’altitude, courte halte au Mono Lake. Ce lac salé est un des plus anciens d’Amérique du Nord puisque datant d’au moins 1 million d’années.
Situé à près de 2000m d’altitude, le lieu n’abrite que des algues, des crevettes et des mouches, et sert de point de ravitaillement aux oiseaux migrateurs en escale. Le lac est célèbre pour ses « tufas » : des concrétions calcaires formées par des sources d’eau douce qui débouchaient au fond du lac.
Dans les années 1940, une grande partie des rivières alimentant le Mono Lake ont été détournées pour alimenter en eau Los Angeles située à plus de 350 miles- un épisode des fameuses « California Water Wars », évoquées par Roman Polanski dans Chinatown (1974), qui conduisirent à l’assèchement de la Owens Valley. Le niveau du lac baissa alors de 14m, révélant alors les « tufas ».
Mono Lake servit de décor naturel au célèbre et cauchemardesque western High Plains Drifter (L’Homme des hautes-plaines – 1973) de Clint Eastwood, qui fit construire sur ses rives le décor de la ville fictive de « Lago » :
La région au sud-est du lac, à l’époque boisée, fut le point de départ d’une des exploitations ferroviaires les plus isolées et les plus obscures de toute la Californie du XIXe siècle, pourtant riche en lignes oubliées : le Benton & Bodie Railroad. Cette ligne forestière à voie de 3 pieds (0,914m) a acheminé de 1881 à 1917 du bois depuis Mono Mills vers la ville minière de Bodie, située 36 miles plus au nord.
Le nom de Benton dans la raison sociale de la compagnie fait référence à un projet avorté d’embranchement entre Warm Springs et Benton, dans l’espoir probablement de se raccorder dans cette ville à la ligne du Carson & Colorado.
La ligne était exploitée par deux 0-6-0T, deux Moguls Baldwin 2-6-0T et une Porter 0-4-2T typiques des lignes de logging. L’arrivée de la ligne à Bodie, ville minière fantôme transformée en musée, se faisait en rampe de 3,8%.
Photos (c) 2009 par Frederic Delaitre et DR.
Accomplissement d’un rêve vieux de 30 ans : découvrir les vestiges du Carson & Colorado RR conservés au musée de Laws. Le Carson & Colorado était une ligne à voie de 3 pieds (0,914m), inaugurée en 1883, rachetée par le Southern Pacific et dont le tronçon septentrional de Laws à Keeler fut exploité jusqu’en 1959. Un chemin de fer hors du temps, parcourant les hauts plateaux désertiques entre Nevada et Californie en desservant quelques exploitations minières isolées. Connu sous le nom de Slim Princess, un directeur de la Banque de Californie déclara un jour que c’était « un chemin de fer construit 300 miles trop long ou 300 ans trop tôt ».
La #18 ex-Carson & Colorado passe devant le Mont Whitney
(4421m d’altitude, point culminant des USA, hors Alaska)
A Laws, des bénévoles ont créé une sorte d’écomusée de la Owens Valley, récupérant aux alentours bâtiments, outillage, véhicules et installant le tout autour de la gare de Laws, où sont garés plusieurs pièces intéressantes, vestiges du matériel roulant du C&C RR. La pièce maîtresse en étant la 4-4-0 #9 (construction Baldwin 1909) qui vient de fêter son centenaire :
Autre régal pour les connaisseurs, ce pont tournant Armstrong-Gallows . Une mine d’informations pour les modélistes ferroviaires faisant dans l’US :
Peu visible malheureusement, le musée abrite aussi une automotrice du Death Valley Railroad :
Photos (c) 2009 by Frederic Delaitre and Collection FD.
Halte pour la nuit à Bishop (pop. 3575), dans la Owens Valley, à 1264m d’altitude au pied de la Sierra Nevada. Ambiance « Main Street USA » garantie :
Dîner chez Bar-B-Q Bill’s, un authentique « diner ». Bonne tambouille, prix modérés. Evidemment l’ambiance est un peu différente de celle du breakfast au Polo Lounge de Beverly Hills quitté le matin même, mais tout aussi sympathique :
Pas de « diner » sans sa Bud, son Coke, sa bouteille de Tabasco et son distributeur de serviettes en papier…
Petite pause au MacDo de Mojave, le seul que nous visiterons au cours de notre périple ! Mais nous avions une bonne excuse : vue imprenable sur les convois venant faire une pause après la longue rampe depuis Bakersfield (ici le convoi de semi-remorques UPS vu à Tehachapi 30 minutes avant, voir précédent post) :
Jadis, Mojave était le terminus pour les trains de mules chargés de borax en provenance de la Vallée de la Mort. De nos jours, les équidés ont été remplacés par les C44-9W du BNSF :
Plein à la station service à la sortie nord de Mojave, juste au moment un convoi s’élance vers Searles, sur ce qui reste de la Jawbone Branch, avec en arrière plan les « queues blanches » stationnées sur l’aéroport de Chaffee :
Plein nord vers la Owens Valley. Non loin d’ici se situait le camp d’internement de Manzanar où furent internés pendant la Seconde Guerre Mondiale près de 10 000 américains d’origine japonaise :
Depuis des années, à longueur de forum ferroviaire, quelques passionnés chantent les louanges de la boucle de Tehachapi, selon eux une sorte de Shangri-La du rail. Quittant Los Angeles pour le nord-est via Mojave, nous avons fait bien évidemment un petit détour pour constater de visu.
C’est effectivement un bon endroit de spotting pour les amateurs de gros diésels modernes, luttant avec une rampe de 2,8%, comme cette ES44DC du BNSF, qui se partage avec l’Union Pacific les rails de cette ligne de l’ancien Southern Pacific :
Malheureusement, crise oblige, les trains ont été raccourcis et le dernier wagon de ce convoi de remorques UPS entre de justesse dans le tunnel n°9 au moment où les locomotives de tête « bouclent la boucle » vingt mètres plus haut :
« So what? » Hormis le spotting, et quelques contacts au bord de la piste avec des railfans locaux sympas qui m’ont indiqué quelques bons coins : le site de Tehachapi m’a un peu déçu. Pas de prouesses particulières en matière de génie civil (la ligne avait d’ailleurs été construite à l’économie),
Le site n’a pas le charme de la boucle de Brusio sur la ligne de la Bernina ou le célèbre « Agony Point » (boucle n°2) du Darjeeling-Himalaya :
ni l’importance historique de la ligne de l’Albula, chef d’oeuvre technique, elle aussi toute en boucles, et classée désormais au Patrimoine de l’humanité :
Blasé ? Peut-être. Disons que je n’ai pas ressenti un urgent besoin de reproduire le site au 1/160e en plein milieu de mon salon, et que, peut-être, le site a été un peu « oversold » (survendu) des deux côtés de l’Atlantique. Mais n’est-ce pas le propre des passionnés que d’être excessifs ? 😉
Photos (c) 2009 par Frédéric Delaitre et Collection FD.