Châtel-Censoir dans l’Yonne a conservé ces deux plaques Michelin en lave émaillée sur support en béton, datant des années 1930. Derniers témoins d’une époque qui ignorait le GPS et où le voyage routier était synonyme d’aventure. Pour le modéliste ferroviaire, les plaques Michelin couvrent plusieurs époques : II, III, IV, V et même VI ! Le GC100 (GC pour chemin de grande communication) est devenu la Départementale 100.
Noter le logo de l’ACY (Automobile Club de l’Yonne). Sur la fabrication des plaques Michelin, une page Web très intéressante :
http://panneauxenbeton.perso.sfr.fr/panneaux_michelin_fabrication.html
« C’est la clôture », murmura Jeanne.
– Pauline Réage. Histoire d’O.
Il y a près de douze ans, la « tempête du siècle » s’abattait sur la France et sur le Petit train du Jardin d’Acclimatation. Depuis le 26 décembre 1999, le petit train – propriété avec le Jardin du groupe LVMH – a été bien entretenu, mais les clôtures du tronçon Maillot-Sablons, durement touchées par la tempête, n’avaient pas encore été réparées :
État mars 2000
État novembre 2011, les éléments les plus endommagés ont été enlevés mais non remplacés.
Notons cependant une évolution encourageante, ici on installe une barrière légère (provisoire ?) :
Là on donne un coup de peinture :
En attendant la fin des travaux, la prudence s’impose… 😉
Profitons-en pour rappeler que le Petit train du Jardin d’Acclimatation – à voie de 50cm (et non 60cm comme on le lit fréquemment) – est la plus ancienne exploitation ferroviaire de Paris toujours en exploitation. Âgé de 133 ans, construit en 1878, il devance de 22 ans le métro parisien !
État 1900, le petit train était alors hippotracté
État octobre 2011
Ce jour là, c’était « Pietra » (construction Renault) qui était de service.
« Tous les matins du monde sont uniques »
Parvis du Trocadéro, 24 octobre 2011, 8h07.
Pendulaire régulier sur les lignes de la banlieue de Zürich en Suisse, j’avais comme beaucoup remarqué ces étranges inscriptions sur le pignon d’un immeuble en sortie de la gare d’Oerlikon, en direction du Flughafen Zürich. La vitesse, le rideau d’arbres et le mur antibruit ne permettent de lire que les premières lignes qui commencent par : How to work better (Comment travailler mieux).
Suit une liste de conseils :
1 Do one thing at a time.
2 Know the problem
3 Learn to listen
En voyageant dans la salle supérieure des rames à 2 niveaux Re 450 du S-Bahn ZVV, on peut encore apercevoir par-dessus le mur :
4 Learn to ask questions
Après une enquête superficielle et trompeuse, je découvris que l’immeuble en question abritait les départements de psychologie et d’informatique de l’Université de Zürich-Nord. Quoi de plus normal après tout que de dispenser ces judicieux conseils aux étudiants ? De retour du travail par une belle soirée de début d’automne, je descendais du tram n° 10 à Oerlikon-Ost pour lire la suite du message. L’endroit est situé dans une impasse donnant sur la Binzmühlestrasse, juste après être passé sous le pont-rail CFF :
Le reste de la liste s’établit comme suit :
5 Distinguish sense from nonsense
6 Accept change as inevitable
7 Admit mistakes
8 Say it simply
9 Be calm
10 Smile
La liste complète photographiée, le dossier était bouclé et je pouvais m’en retourner l’esprit apaisé. Mais quelque chose ne tournait pas rond. S’il s’agissait d’une admonestation aux étudiants de l’Université, pourquoi l’avoir placé dans un endroit invisible du public (l’entrée de l’Université se situe plus loin dans la Allmannstrasse) ? Pourquoi cette typographie si particulière, comme faite au pochoir ? En outre, cette combinaison architecture+typographie me rappelait certains travaux d’élèves du Bauhaus.
Après une enquête plus approfondie, « How to work better », que je prenais initialement pour une sorte de « Mané, Thécel, Pharès » postmoderne à l’usage exclusif des étudiants et des ingénieurs et cadres usagers de la ZVV (Zürich Verkehrs Verein – la RATP locale) se révèle être une oeuvre d’art, à la fois installation et manifeste de deux artistes zurichois Peter Fischli (né en 1952) et David Weiss (né en 1946). Ce duo utilise dans son travail la photo, le film, la sculpture. Le père de Peter Fischli, Hans (1909-1989), architecte, était un ancien élève du Bauhaus de Dessau, une école qui attachait une grande importance à l’architecture… et à la typographie. Le jeune Peter a d’ailleurs passé une partie de sa jeunesse dans la maison familiale de Melien en Suisse, construite dans le plus pur style « Bauhaus ».
Les dix points du manifeste de Fischli/Weiss semblent être directement extraits d’un self-help book pondu par un gourou américain du management, genre best selling author sur Amazon.com et conférencier à 20000 dollars de la soirée. En réalité, Fischli/Weiss ont pris en photo en 1990 ce texte écrit sur une pancarte placée dans une usine de poterie en.. Thaïlande, sous une forme bilingue anglais/thaï. Cette photo a été placée en ouverture de plusieurs expositions consacrées aux deux artistes à la Tate Gallery à Londres, à la Kunsthalle de Bâle et à la Kunsthaus de Zürich. A une date indéterminée, probablement vers 2007, le manifeste a été reproduit au format 20m x 4m sur le pignon ouest de l’immeuble de l’Université de Zürich-Nord.
Le manifeste de Fischli/Weiss a fait l’objet de nombreuses exégèses. Selon Ryan Gander, le manifeste promeut la supériorité de la pratique artistique sur la production artistique. D’autres ont relevé l’aspect oriental et Zen des 3 dernières propositions (Say it simply, Be calm, Smile). D’autres enfin ont souligné le caractère universel du manifeste, applicable à toutes les activités humaines. Ce dernier point est particulièrement pertinent. En particulier : à la lecture des dernières polémiques lues sur les forums ferroviaires français, beaucoup de ferroviphiles gagneraient à appliquer les points 8, 9 et 10 du manifeste de Fischli/Weiss 🙂
Wir fahr’n, fahr’n, fahr’n auf der Polybahn…
– avec mes excuses à Kraftwerk 🙂
Deux petites vidéos sans prétention (réalisées avec l’APN emprunté à ma fille 😉 – à refaire un jour peut-être avec un camescope HD et un Steadycam) qui tentent de restituer l’ambiance d’un voyage sur le Polybahn de Zürich par une belle soirée d’automne.
Up :
[flv width= »512″ height= »440″]http://www.fdelaitre.org/video/Polybahn_Up.flv[/flv]
Down :
[flv width= »512″ height= »410″]http://www.fdelaitre.org/video/Polybahn_Down.flv[/flv]
Le Polybahn a aussi son charme en hiver. Par une soirée glaciale, n’hésitez pas à vous installer sur la plateforme extérieure, à l’avant, sur la gauche. La montée dans l’obscurité et le silence – à peine troublé par les cloches lointaines de la Predigerkirche, de la Fraumünsterkirche ou du Grossmünster appelant au culte du soir et le zonzonnement du câble dans les poulies du funiculaire – est une expérience magique.
L’actuel propriétaire du 9, Cielo Vista Terrace à Monterey, Californie – le lieu mythique où John Allen construisit pendant plus de 25 ans son Gorre & Daphedid Railroad – vient de mettre en location la maison. Si vous ne fumez pas, si vous n’avez pas d’animal domestique et si vous disposez de 2100 USD par mois à consacrer au loyer, cette maison est faite pour vous !
L’agence immobilière a mis en ligne quelques photos intéressantes de l’intérieur de la maison dans son état actuel. Dans le salon, il me semble que la cheminée est contemporaine de John Allen. Le Gorre & Daphetid était situé à l’étage en dessous, dans un sous-sol transformé désormais en buanderie.
On découvre également que John Allen avait une belle vue sur la baie de Monterey (mais aussi sur la Highway 1 qui passe en contrebas :-():
Pour avoir visité les alentours en 2009, je peux certifier que la maison est bien cachée derrière une immense haie le long de la la rue (qui de plus est en impasse) : tranquillité assurée :
Souhaitons que le futur locataire soit un modéliste ferroviaire et qu’il y ait de nouveau, après 38 ans d’absence, des trains miniatures au 9, Cielo Vista Terrace.
Visite au Blonay-Chamby où je n’étais pas retourné depuis 2008. La visite commence en gare de Blonay, point de jonction entre la ligne musée Blonay-Chamby et la ligne Vevey-Blonay-Les Pléiades (ex-Chemins de fer Electriques Veveysans). Immortalisé la brève cohabitation entre trois générations de matériel : BDeh 2/4 (au fond garée devant la remise), une Be 2/6 (à gauche en provenance de Vevey) ex-Tram Léger de la Riviera, et une Beh 2/4 modernisée en livrée « Astro-Pléiades – Parcours Claude Nicollier » (à droite, partant pour les Pléiades).
Couplage BDeh 2/4 n°74 et voiture pilote Bt222. Allure typique des automotrices à voie étroite suisses construites dans les années 1960.
La composition du jour qui nous emmènera au musée de Chaulin via Chamby : automotrice ABe 4/4 n°35 ex-RhB (ligne de la Bernina) tractant une voiture ouverte ex-Berner-Oberland-Bahn.
La n°35 est arrivée au Blonay-Chamby en novembre 2010, chassée de la ligne de la Bernina des Chemins de fer Rhétiques par l’arrivée des nouvelles rames bi-courant « Allegra » :
Confort spartiate dans la voiture ouverte de 3e classe du Berner-Oberland-Bahn (BOB), construction 1924, mais bien pratique pour les prises de vue photo/vidéo :
…surtout lors du passage sur le pont de la Baye de Clarens, le « petit Landwasser » du Blonay-Chamby, toujours spectaculaire :
Nouvelle instruction du B-C : l’aiguille d’entrée au musée se fait à la montée vers Chamby. Qu’on se le dise 😉
Ne pas oublier non plus de couper le compresseur à l’arrêt sur l’automotrice Ce 2/3 n°28 ex-tramways de Lausanne. Un malheureux wattman bénévole du Blonay-Chamby s’est pris une engueulade soignée dans la plus pure tradition ferroviaire par le chef de gare à Chaulin 😉
Nouveauté au musée de Chaulin : la voiture Espace Juniors destinée aux enfants avec jouets ferroviaires et simulateurs de conduite.
La motrice Ce 2/2 n°36 des Tramways Lausannois récupérée par l’équipe du B-C en 2009 est en attente de restauration. Il y a du travail… sachant que la caisse a passé 70 ans dans une forêt du Jura vaudois et avait servi – entre autres – à abriter des ruches.
Retrouvé avec plaisir la Fze 6/6 2002 garée bien à l’abri et fraîchement repeinte par les ateliers de Chernex du MOB, contrastant avec son état sur la « voie de l’oubli » à Saanen au printemps 2008 :
Seul problème sous la remise à Chaulin : le manque de recul et d’éclairage, un cauchemar pour le photographe ferroviphile alors que tout autour de lui suinte le rare, le précieux, l’unique… 😉
Retrouvé également l’impressionnant chasse-neige rotatif à vapeur Xrotd 9214 à l’allure très américaine mais qui provient lui aussi de la ligne de la Bernina. Décidément, nous n’arrivons pas à quitter les Grisons !
Parmi les spécialités du canton du Valais, on peut citer : les tunnels ferroviaires (Simplon, Loetschberg, Furka), les vergers (et l’Abricotine), la viande séchée, les gardes pontificaux et les bisses .
C’est quoi un bisse ? Le Valais, de Brigue à Port-Valais, est essentiellement une immense vallée où coule le Rhône, encadré par des montagnes élevées où s’accrochent des villages perchés. Le climat peut être très sec en été. Pour irriguer les prairies qui produisent du fourrage pour le bétail, les Valaisans ont depuis le XIVe siècle construit à flanc de montagne des aqueducs – les bisses (même étymologie que bief en France) – pour y amener l’eau captée en altitude au niveau des glaciers. A leur apogée, la longueur cumulée des bisses Valaisans atteignait 1800km, avant d’être progressivement abandonnés jusqu’au début du XXe siècle et remplacés par des systèmes de captage et de tuyauterie plus modernes.
Selon la topographie des lieux traversés, le bisse pouvait être construit selon des techniques très simples. Ici, sur ce tronçon, un canal a été excavé et les matériaux extraits ont servi à créer la digue à gauche ; digue supportant un sentier où des arbres ont été plantés pour stabiliser le terrain.
Mais il était parfois nécessaire de faire courir l’eau le long de parois verticales, le bisse était alors suspendu dans le vide comme ici sur le Torrent-Neuf. Des madriers appelés boutzets étaient enfichés dans des trous creusés dans la roche et servaient à supporter l’ensemble de la structure : aqueduc et passerelle de service.
L’entretien d’un bisse suspendu n’était pas destiné aux personnes sensibles au vertige :
Au printemps, c’était tout le village et son curé (Valais catholique oblige…) qui participait aux opérations de réparation et de bénédiction du bisse :
« Pa capona » signifie « ne pas renoncer » en dialecte local.
Situé au dessus de Sion, le bisse du Torrent-Neuf, ou bisse de Savièse, a été construit vers 1430 et abandonné seulement en 1934, remplacé par une conduite d’eau souterraine traversant la montagne. En 2005, l’Association pour la Sauvegarde du Torrent-Neuf entreprend de réhabiliter le bisse dans sa partie la plus spectaculaire le long des parois du Prabé. Les aménagements furent terminés en 2009 :
L’association a conclu un jumelage avec le Swiss Vapeur Parc au Bouveret, où ont été recréées quelques unes des structures les plus caractéristiques du Torrent-Neuf : pont et bisse suspendu, chapelle Sainte-Marguerite, etc.
La visite (entrée gratuite en 2011) se présente comme un parcours à flanc de montagne qui commence au Café-Buvette-Souvenir géré par l’Association :
à proximité de la Chapelle Sainte-Marguerite :
Le parcours permet de profiter d’une vue exceptionnelle sur les vallées environnantes :
Reconstitution d’une partie du bisse suspendu :
Soudain, un gros nounoursse qui a l’air pas content du tout nous barre le chemin 🙂
Pas de panique, il s’agit de l’ours protecteur du bisse. Selon la légende : un ouvrier chargé de l’entretien du bisse fut un jour poursuivi par un ours. Dans sa précipitation, il passa au travers d’une des passerelles et fut retenu par les bretelles par une des pattes de l’ours. Depuis l’ours est devenu la mascotte du Torrent-Neuf et l’association de sauvegarde ne manqua pas d’y ériger cette statue en bronze, livrée par hélicoptère :
Photogramme issu de l’émission « Passe moi les jumelles »
de la Télévision Suisse-Romande, consacrée au Torrent-Neuf (7 octobre 2009).
Le clou de la visite est sans conteste le passage sur les 3 ponts façon « Indiana Jones » qui jalonnent le sentier – déconseillés aux personnes sensibles car cela bouge quand même beaucoup (trop) quand on est dessus… 🙂
Pour plus d’informations : le site de l’Association pour la Sauvegarde du Torrent-Neuf.