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Pendulaire régulier sur les lignes de la banlieue de Zürich en Suisse, j’avais comme beaucoup remarqué ces étranges inscriptions sur le pignon d’un immeuble en sortie de la gare d’Oerlikon, en direction du Flughafen Zürich. La vitesse, le rideau d’arbres et le mur antibruit ne permettent de lire que les premières lignes qui commencent par : How to work better (Comment travailler mieux).
Suit une liste de conseils :
1 Do one thing at a time.
2 Know the problem
3 Learn to listen
En voyageant dans la salle supérieure des rames à 2 niveaux Re 450 du S-Bahn ZVV, on peut encore apercevoir par-dessus le mur :
4 Learn to ask questions
Après une enquête superficielle et trompeuse, je découvris que l’immeuble en question abritait les départements de psychologie et d’informatique de l’Université de Zürich-Nord. Quoi de plus normal après tout que de dispenser ces judicieux conseils aux étudiants ? De retour du travail par une belle soirée de début d’automne, je descendais du tram n° 10 à Oerlikon-Ost pour lire la suite du message. L’endroit est situé dans une impasse donnant sur la Binzmühlestrasse, juste après être passé sous le pont-rail CFF :
Le reste de la liste s’établit comme suit :
5 Distinguish sense from nonsense
6 Accept change as inevitable
7 Admit mistakes
8 Say it simply
9 Be calm
10 Smile
La liste complète photographiée, le dossier était bouclé et je pouvais m’en retourner l’esprit apaisé. Mais quelque chose ne tournait pas rond. S’il s’agissait d’une admonestation aux étudiants de l’Université, pourquoi l’avoir placé dans un endroit invisible du public (l’entrée de l’Université se situe plus loin dans la Allmannstrasse) ? Pourquoi cette typographie si particulière, comme faite au pochoir ? En outre, cette combinaison architecture+typographie me rappelait certains travaux d’élèves du Bauhaus.
Après une enquête plus approfondie, « How to work better », que je prenais initialement pour une sorte de « Mané, Thécel, Pharès » postmoderne à l’usage exclusif des étudiants et des ingénieurs et cadres usagers de la ZVV (Zürich Verkehrs Verein – la RATP locale) se révèle être une oeuvre d’art, à la fois installation et manifeste de deux artistes zurichois Peter Fischli (né en 1952) et David Weiss (né en 1946). Ce duo utilise dans son travail la photo, le film, la sculpture. Le père de Peter Fischli, Hans (1909-1989), architecte, était un ancien élève du Bauhaus de Dessau, une école qui attachait une grande importance à l’architecture… et à la typographie. Le jeune Peter a d’ailleurs passé une partie de sa jeunesse dans la maison familiale de Melien en Suisse, construite dans le plus pur style « Bauhaus ».
Les dix points du manifeste de Fischli/Weiss semblent être directement extraits d’un self-help book pondu par un gourou américain du management, genre best selling author sur Amazon.com et conférencier à 20000 dollars de la soirée. En réalité, Fischli/Weiss ont pris en photo en 1990 ce texte écrit sur une pancarte placée dans une usine de poterie en.. Thaïlande, sous une forme bilingue anglais/thaï. Cette photo a été placée en ouverture de plusieurs expositions consacrées aux deux artistes à la Tate Gallery à Londres, à la Kunsthalle de Bâle et à la Kunsthaus de Zürich. A une date indéterminée, probablement vers 2007, le manifeste a été reproduit au format 20m x 4m sur le pignon ouest de l’immeuble de l’Université de Zürich-Nord.
Le manifeste de Fischli/Weiss a fait l’objet de nombreuses exégèses. Selon Ryan Gander, le manifeste promeut la supériorité de la pratique artistique sur la production artistique. D’autres ont relevé l’aspect oriental et Zen des 3 dernières propositions (Say it simply, Be calm, Smile). D’autres enfin ont souligné le caractère universel du manifeste, applicable à toutes les activités humaines. Ce dernier point est particulièrement pertinent. En particulier : à la lecture des dernières polémiques lues sur les forums ferroviaires français, beaucoup de ferroviphiles gagneraient à appliquer les points 8, 9 et 10 du manifeste de Fischli/Weiss 🙂
Même si l’on n’est pas fou de foot dans la famille, nous suivons tous les quatre ans la Coupe du Monde de la FIFA – et collectionnons les mascottes. Tradition établie par mon fils : nous réunissons toutes les peluches devant la télévision lors de la finale. Pour le 11 juillet 2010, nous avions donc : à gauche Footix (Coupe du Monde 1998, sans ses piles car le zoziau réagit à la moindre vibration et se met à chanter à tue-tête « ohé ohé we are the champions », ce qui en 2010 est un peu déplacé…), à droite le lion Goleo VI et son ballon Pille, souvenir de la Coupe du Monde 2006 (en deux versions : équipe de France et Mannschaft – un énorme bide commercial qui entraina le dépôt de bilan de la société NICI qui en avait acquis les droits) et au milieu le petit dernier : Zakumi, le léopard d’Afrique du Sud 2010.
Absents : Kaz, Nik et Ato, les « Sphériks » de la Coupe du Monde 2002 Corée-du-Sud/Japon, introuvables en France à l’époque. Qualifiés de « monstres protoplasmiques » par Agoravox, ils ne manquent décidément pas à notre collection.